Spotify a récemment révélé qu'il avait versé plus de 10 milliards de dollars US à l'industrie musicale en 2024, un chiffre record. Ce rapport, intitulé Loud & Clear, soulève des questions sur le montant réel que les artistes et les auteurs-compositeurs perçoivent en royalties. La plateforme de streaming suédoise a indéniablement transformé le paysage musical, mais cela ne se traduit pas toujours par une stabilité financière pour les artistes.
Dans son rapport, Spotify a indiqué que près de 1 500 artistes avaient gagné plus d'un million de dollars en royalties l'année dernière. Ce chiffre représente une augmentation significative par rapport à 2014, où seulement 1 milliard de dollars US avait été versé. Cependant, malgré ces chiffres impressionnants, la réalité est que la plupart des artistes ne voient qu'une fraction de ces revenus.
Eric Alper, un publiciste musical, souligne que les artistes signés ne reçoivent généralement que 10 à 20 % de leurs revenus totaux après que leur label a pris sa part. Les auteurs-compositeurs, quant à eux, sont souvent encore plus mal lotis, car les royalties mécaniques et de performance sont partagées entre plusieurs parties prenantes.
Le rapport de Spotify explique comment l'argent circule dans le système. La plateforme paie les détenteurs de droits, qui sont typiquement des labels, des distributeurs ou des sociétés de gestion. Les artistes choisissent leurs détenteurs de droits et passent des accords concernant leur musique, ce qui inclut l'autorisation de la diffuser sur Spotify.
En général, Spotify reverse environ deux tiers de chaque dollar généré par la musique aux détenteurs de droits. Cependant, les paiements aux créateurs de musique restent très bas, surtout en comparaison de la valeur que la musique apporte à la plateforme.
Malgré les chiffres impressionnants, la plupart des artistes continuent de gagner des centimes par stream. Eric Alper note que même si certains artistes de renom peuvent générer des revenus substantiels, pour les artistes émergents, les revenus de streaming sont souvent insoutenables. La transition vers le streaming a élargi l'accès à la distribution, mais elle a également dévalué chaque stream individuel.
Alper propose que les frais soient distribués en fonction de ce que chaque auditeur écoute réellement. Cela pourrait significativement augmenter les revenus pour les artistes indépendants et de niche, en garantissant que l'argent des abonnements aille directement aux artistes écoutés.
En somme, bien que Spotify ait révolutionné l'industrie musicale, les défis financiers demeurent pour de nombreux artistes. Les données du rapport Loud & Clear montrent une apparente prospérité, mais la réalité est que la majorité des créateurs de musique ne reçoivent qu'une petite part des revenus générés. Un ajustement du système est nécessaire pour garantir que plus d'artistes, en particulier les auteurs-compositeurs, puissent prospérer.