Jaime Rosales, né à Barcelone en 1970, fait son retour. Il revient tous les deux ou trois ans, mais cette fois, c'est différent. Son dernier film, Morlaix, raconte une histoire d'amour adolescent et d'un autre plus mature. Ces deux amours se reflètent l'un dans l'autre, chacun influençant l'autre de manière significative.
La film a été tourné en français et utilise divers formats, allant du couleur mélancolique au noir et blanc poignant. Le film vise à briser les conventions et à se démarquer. Pour Rosales, l'exhibition de son œuvre est une véritable révolution.
Avant sa sortie en salles, le film a été présenté dans des musées, universités et centres d'art. Le réalisateur souhaite ainsi atteindre un public plutôt que d'attendre qu'il vienne à lui. Cette approche soulève des questions sur les normes traditionnelles de diffusion cinématographique.
Rosales s'interroge sur la perception du cinéma par les jeunes. Il affirme qu'il est essentiel de les attirer, car les salles sont souvent remplies de spectateurs plus âgés. Lors d'une projection à Madrid, la majorité des spectateurs avaient plus de 40 ans.
Il constate une rupture dans la chaîne de l'intérêt pour le cinéma d'art et d'essai. Les jeunes de 20 ans ne fréquentent pas les salles, et la communication a évolué. Rosales a choisi d'inclure des influenceurs dans les discussions autour de son film pour toucher un public plus jeune.
Le réalisateur évoque une crise dans le cinéma, mais pas nécessairement liée aux conditions d'exhibition. Il déplore une homogénéité dans les films, où les histoires et les points de vue semblent répétitifs. Cela crée une lassitude chez les spectateurs.
Rosales souligne que le cinéma devrait aborder des thèmes universels et éviter de se concentrer uniquement sur des sujets sociopolitiques. Selon lui, cette tendance à la propagande nuit à la diversité des récits cinématographiques.
Il insiste sur la nécessité d'un cinéma critique qui ne se contente pas de refléter les points de vue dominants. Il met en garde contre l'influence des mécanismes de financement qui peuvent mener à une production uniformisée. Pour lui, cela s'apparente à de la propagande.
Rosales regrette la disparition de films traitant de thèmes humains fondamentaux. Il évoque des œuvres comme El buscavidas ou Amadeus, qui explorent des conflits humains profonds, et déplore que ces récits soient remplacés par une vision plus politique.
Avec Morlaix, Rosales souhaite revenir à des histoires plus personnelles. Il parle de son désir de raconter le premier amour, une expérience à la fois intense et brève, et comment cela influence le grand amour qui suit. Ce film représente une réflexion sur ces deux types d'amour.
Le choix de tourner en français n'est pas un obstacle pour lui. Il considère que la culture est primordiale. En réalisant un film en France, il espère capturer des nuances qui enrichissent son œuvre.
Jaime Rosales, avec Morlaix, cherche à redéfinir le paysage cinématographique. En s'adressant à un public plus jeune et en abordant des thèmes universels, il espère raviver l'intérêt pour le cinéma d'art et d'essai. Son approche innovante et critique pourrait bien marquer un tournant dans l'industrie.