Le Greco, groupe d'États contre la corruption du Conseil de l'Europe, a récemment publié un rapport alarmant. Ce document conclut que l'Espagne n'a pas mis en œuvre de manière satisfaisante les dix-neuf recommandations issues de l'évaluation de la cinquième ronde. Ces recommandations se concentrent sur la prévention de la corruption et la promotion de l'intégrité au sein des gouvernements centraux et des organismes d'application de la loi.
Ce rapport souligne l'absence d'action de la part du gouvernement espagnol concernant ces recommandations cruciales. Le Conseil de l'Europe, basé à Strasbourg, a pour mission de promouvoir la démocratie, les droits humains et l'État de droit en Europe et dans le monde. Le rapport a été publié avec plus de seize mois de retard, en raison d'un blocage par le gouvernement lui-même.
Les recommandations du Greco incluent des mesures pour renforcer la transparence des conseillers, en les soumettant à des exigences d'intégrité similaires à celles des hauts fonctionnaires. De plus, il est suggéré d'introduire des normes concernant les interactions entre les hauts responsables et les groupes de pression, afin de prévenir toute influence indue sur le travail législatif.
Ce constat d'inaction est préoccupant. Le président du Greco, David Meyer, a récemment demandé au gouvernement de lever le veto sur ce document. La publication de ce rapport met en lumière le manque de progrès dans l'application des recommandations, ce qui soulève des questions sur la volonté réelle du gouvernement d'agir.
Un autre rapport, publié avec un dix mois de retard, aborde la prévention de la corruption parmi les parlementaires, juges et procureurs. Le Conseil souligne qu'une recommandation clé n'a pas été respectée : celle relative au Conseil Général du Pouvoir Judiciaire (CGPJ). Le Greco a recommandé une évaluation du cadre législatif régissant le CGPJ pour garantir son indépendance.
Cette évaluation vise à identifier et corriger les défaillances observées. De plus, le Greco a insisté sur la nécessité d'éliminer l'intervention des politiques dans le processus de sélection des juges. Le rapport actuel déplore le manque de progrès positif dans ce domaine.
Le Greco rappelle les normes du Conseil de l'Europe concernant la sélection des juges. Lorsque les conseils judiciaires ont une composition mixte, les juges doivent être choisis par leurs pairs, garantissant ainsi une représentation adéquate du pouvoir judiciaire à tous les niveaux. Les autorités politiques, comme le Parlement ou le pouvoir exécutif, ne doivent pas intervenir à aucune étape du processus de sélection.
Bien que l'accord entre le PSOE et le PP pour débloquer la situation du CGPJ ait été atteint, le Greco indique que cela ne change pas l'évaluation. La situation demeure inchangée, et cette évaluation sera la dernière sur ce sujet, marquant ainsi un incumplissement notable de la part de l'Espagne.
Le rapport du Greco met en évidence des défaillances significatives dans la lutte contre la corruption en Espagne. Malgré les recommandations claires, le gouvernement n'a pas agi de manière adéquate. Ce manque d'engagement soulève des inquiétudes quant à l'intégrité des institutions espagnoles et à leur capacité à garantir la démocratie et l'État de droit.