Le protoxyde d'azote, utilisé pour ses effets anesthésiants en médecine et en cuisine, est détourné par les jeunes comme gaz hilarant. Cette pratique, pourtant risquée, est en forte augmentation. Agnès Laforest Bruneaux, directrice adjointe à l’ANSM, souligne l'importance de cette problématique de santé publique.
En 2023, 472 signalements ont été recensés, représentant une hausse de 30 % par rapport à l'année précédente. Cette augmentation est alarmante, car le nombre de cas graves liés à ce gaz a été multiplié par 3,8 depuis 2020. Ces chiffres témoignent d'une consommation de plus en plus fréquente, malgré les efforts de prévention.
Les campagnes menées par les municipalités et les agences de santé n'ont pas suffi à freiner ce phénomène. L’ANSM surveille cet usage détourné depuis 2013 et les résultats de son dernier rapport de 2023 montrent une aggravation inquiétante.
Un fait marquant est que les femmes sont désormais aussi touchées que les hommes. Ce changement de tendance soulève des questions, car auparavant, les hommes constituaient la majorité des usagers. L’ANSM n’a pas encore identifié les raisons de cette évolution.
De plus, l'intensité de l'usage augmente, avec des consommateurs prenant de fortes doses ou utilisant le gaz de manière répétée. Environ 50 % des utilisateurs consomment quotidiennement, et 59 % l'utilisent depuis plus d'un an.
Les pratiques liées au protoxyde d'azote peuvent entraîner des risques graves pour la santé. Parmi les effets notables, on trouve des troubles neurologiques irréversibles, des problèmes cardiovasculaires et des troubles psychiatriques. Ces conséquences peuvent sérieusement affecter la qualité de vie des utilisateurs.
Les troubles neurologiques peuvent inclure des difficultés à marcher et des problèmes urinaires, allant jusqu'à l'incontinence. Ces risques doivent être pris très au sérieux par les consommateurs.
Pour la première fois, des nourrissons sont également concernés par cette problématique. Deux nouveau-nés ont présenté des troubles neurologiques à la naissance, liés à une exposition in utero au protoxyde d'azote. Cette situation alerte sur les dangers potentiels d'une exposition importante pendant la grossesse.
Agnès Laforest Bruneaux insiste sur la nécessité de sensibiliser les jeunes et les femmes enceintes aux dangers de cette substance. Des discussions sont en cours au Parlement pour renforcer la régulation de ce produit, souvent acheté en ligne.
La situation concernant le protoxyde d'azote est alarmante. La hausse des signalements et l'implication croissante des femmes, ainsi que les risques pour les nourrissons, soulignent l'urgence d'agir. Il est essentiel de continuer à informer et à protéger la population, en particulier les jeunes et les femmes enceintes, des dangers associés à cette substance.