Lorsque María Terremoto (Jerez de la Frontera, 1999) a fait ses débuts sur scène à seulement 16 ans, elle a été présentée comme une cantaora traditionnelle. Avec son mantoncillo, ses fleurs et ses accessoires, son apparence évoquait le flamenco classique. Cependant, avec son nouvel album, Manifiesto (Universal), elle cherche à rompre avec ces stéréotypes.
María, aujourd'hui âgée de 25 ans, exprime son désir de se libérer des attentes traditionnelles. Dans un de ses clips, elle se produit en jeans et sweat à capuche, une tenue que toute jeune femme de son âge pourrait porter. Elle refuse de se conformer à l'image classique de la cantaora, affirmant que cela devient ennuyeux.
Elle explique que sa rupture avec le flamenco ne réside pas dans une expérimentation ou un mélange avec d'autres genres musicaux. Au contraire, elle chante "par droit", en respectant l'orthodoxie de l'art flamenco, sans ajouts superflus. Son héritage familial, avec un père et un grand-père célèbres dans le flamenco, lui confère une responsabilité qu'elle prend très au sérieux.
Pour María, la pureté du flamenco est essentielle. Elle affirme qu'il est absurde de toujours représenter la femme flamenca avec des accessoires traditionnels. Elle souhaite se détacher de l'image de la "cantaora classique" qui l'a suivie depuis le début de sa carrière. Son album, Manifiesto, vise à préserver ses racines tout en se présentant comme une artiste authentique.
La première chanson de l'album, "A la muerte", est un cri du cœur, un chant dépouillé qui évoque des émotions profondes. Accompagnée uniquement par des coups de poing sur une table, cette chanson représente un face-à-face avec la mort et a un impact émotionnel fort sur ceux qui l'écoutent.
María évoque les pertes tragiques de sa vie, notamment celle de son père, de son grand-père et de sa grand-mère. Elle explique que ces deuils, bien qu'anciens, continuent de la toucher profondément. "La mort est venue chez moi, et tout emporté", chante-t-elle, et chaque mot résonne avec son propre vécu de douleur.
Elle admet que ces expériences marquent encore sa vie aujourd'hui. "J'ai une enfant en moi qui a perdu son père à 11 ans", confie-t-elle. Cette enfant intérieure continue d'influencer ses réactions face aux défis qu'elle rencontre.
Créer cet album a été pour María une thérapie nécessaire. Elle a plongé dans les aspects les plus sombres de sa vie, mais cela lui a permis d'avancer. En seulement quinze jours, elle a composé cet album, révélant des émotions très personnelles. "C'était une chose très propre à moi", dit-elle, soulignant l'importance de cette démarche.
María ne ressemble pas à une jeune femme de 25 ans classique. Elle a déjà une carrière de près de dix ans et deux enfants. "Je suis sortie de l'école et j'ai commencé à chanter", explique-t-elle. Son parcours n'a pas été facile, mais il a façonné l'artiste qu'elle est aujourd'hui.
Dans son album, María aborde des thèmes variés tels que la mort, la peur et la résilience. Elle souligne également l'importance de mettre en lumière des lieux comme Les Trois Mille Logements à Séville, où elle a tourné un clip. Elle souhaite montrer le talent artistique de sa communauté, loin des stéréotypes négatifs souvent associés aux gitans.
María, fille d'un père "gitano", fait face au racisme avec détermination. Elle exprime son espoir pour l'avenir de son art, notant que le flamenco évolue et attire une nouvelle génération. "Le flamenco devient un symbole pour les revendications", conclut-elle avec optimisme.
María Terremoto incarne une nouvelle ère du flamenco, alliant tradition et modernité. Avec son album Manifiesto, elle défie les conventions tout en honorant son héritage. Sa musique, profondément personnelle, résonne avec ceux qui l'écoutent, offrant un mélange de pureté et d'émotion brute.