Les paramilitaires soudanais ont annoncé la formation d'un gouvernement rival face aux forces armées du pays, deux ans après le début d'un conflit devenu la plus grande crise humanitaire au monde. Le leader des Forces de soutien rapide (RSF), Mohamed Hamdan "Hemedti" Dagalo, a affirmé que son groupe était en train de "bâtir le seul avenir réaliste pour le Soudan".
Cette annonce a eu lieu lors d'une conférence de haut niveau à Londres, marquant le deuxième anniversaire du conflit. Le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, a appelé à "un chemin vers la paix". Pendant ce temps, les combats se poursuivent, l'armée affirmant avoir bombardé des positions des RSF à l'extérieur de la ville d'el-Fasher, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir le camp de réfugiés de Zamzam.
Hemedti a déclaré que les RSF construisaient un "État de droit" et non un État dominé par des individus. Dans un message sur Telegram, il a souligné : "Nous ne cherchons pas à dominer, mais à unir. Aucune tribu, région ou religion ne détient le monopole de l'identité soudanaise."
Il a également promis que son gouvernement fournirait des services essentiels tels que l'éducation et les soins de santé, non seulement aux zones contrôlées par les RSF, mais à l'ensemble du pays. Plus de 400 personnes ont été tuées lors des récentes attaques des RSF, selon l'ONU, qui cite des "sources crédibles".
Deux ans après le début de la guerre, l'armée et les RSF sont accusés de crimes de guerre, y compris le génocide et la violence sexuelle de masse. Hemedti est engagé dans une lutte de pouvoir avec le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, depuis le 15 avril 2023, provoquant une crise humanitaire qui a coûté la vie à plus de 150 000 personnes et déplacé plus de 12 millions d'individus.
Les derniers combats dans la capitale du Nord-Darfour, el-Fasher, ont contraint des dizaines de milliers de civils à parcourir 70 km pour atteindre la ville de Tawila. Selon l'organisation médicale MSF, nombreux sont ceux qui sont arrivés en état de déshydratation sévère, et certains enfants auraient même succombé à la soif.
Les agences humanitaires rapportent des conditions proches de la famine pour plus de 700 000 personnes dans des camps temporaires autour d'el-Fasher. Les menaces à la sécurité et les barrages routiers entravent la livraison d'une aide cruciale. Lors d'une réunion internationale, le Royaume-Uni a promis une aide alimentaire et médicale supplémentaire de 120 millions de livres sterling, exhortant la communauté mondiale à ne pas tourner le dos au Soudan.
David Lammy a déclaré : "Beaucoup ont abandonné le Soudan – c'est moralement erroné lorsque nous voyons tant de civils décapités, des nourrissons soumis à la violence sexuelle, et plus de personnes confrontées à la famine que partout ailleurs dans le monde... Nous ne pouvons tout simplement pas détourner le regard."
La conférence a également appelé à un cessez-le-feu immédiat et permanent, mais l'Union africaine a affirmé qu'elle ne permettrait pas que le pays soit partitionné par l'armée et les RSF. Les années de guerre au Soudan continuent de causer des souffrances immenses et des pertes humaines tragiques.
Le conflit au Soudan illustre une crise humanitaire profonde, exacerbée par des luttes de pouvoir internes. Les promesses d'aide internationale doivent être suivies d'actions concrètes pour soulager la souffrance des millions de Soudanais affectés par cette guerre. L'avenir du pays dépendra de la capacité des leaders à trouver un terrain d'entente et à instaurer la paix.