Harvard University a pris position contre les exigences du président américain Donald Trump, affirmant qu'elle ne cédera pas à ses demandes. Dans une lettre publiée sur le site de l'université, le président Alan Garber a déclaré qu'aucun gouvernement, peu importe le parti au pouvoir, ne devrait dicter ce que les universités privées peuvent enseigner. Cette déclaration a été faite après que l'administration Trump a gelé 2,2 milliards de dollars de fonds fédéraux destinés à l'institution.
Cette décision a été saluée par de nombreux étudiants et anciens élèves, y compris l'ancien président Barack Obama, qui a qualifié l'action de Trump de "maladroit". Il a également loué Harvard comme un exemple à suivre pour d'autres établissements d'enseignement supérieur. Cependant, cette bataille pourrait marquer le début d'un conflit prolongé entre le gouvernement fédéral et l'éducation supérieure.
Les attaques de Trump contre Harvard ne sont pas isolées. Le gouvernement a identifié au moins 60 universités pour un examen en raison des manifestations pro-palestiniennes de l'année dernière. Ces événements ont été cités comme ayant contribué au harcèlement des étudiants juifs, selon l'administration Trump. En réponse, Columbia University a accepté plusieurs demandes du gouvernement après une réduction de 400 millions de dollars de financement.
Harvard a également fait des concessions, s'engageant à collaborer avec la task force de l'administration pour lutter contre l'antisémitisme. L'université a suspendu certains programmes et a réglé deux poursuites judiciaires sans admettre de faute, affirmant que cela montrait son engagement envers ses étudiants juifs.
Avec un fonds de dotation de 53,2 milliards de dollars, Harvard est en mesure de résister à cette pression. Cependant, les experts avertissent que la situation reste précaire. Steven Bloom, porte-parole du American Council on Education, a expliqué que 70 % de cet argent est destiné à des projets spécifiques, ce qui limite la flexibilité financière de l'université.
Les dépenses d'Harvard sont considérables, avec un budget opérationnel de 6,4 milliards de dollars pour 2024. Environ un tiers de ce budget provient de la dotation, tandis que 16 % proviennent des fonds fédéraux, souvent utilisés pour des recherches bénéfiques pour l'ensemble des États-Unis. Selon Bloom, les universités ne devraient pas dépenser plus de 5 % de leur dotation totale chaque année.
La menace de Trump de retirer le statut d'exonération fiscale de Harvard pourrait aggraver la situation. Ce statut permet à l'université d'éviter de payer des impôts sur ses investissements et propriétés, ce qui représente une économie significative. En 2023, Harvard aurait économisé 158 millions de dollars sur ses impôts fonciers.
Les étudiants commencent à douter de la durabilité de cette résistance. Matthew Tobin, représentant académique au conseil étudiant de Harvard, a exprimé ses inquiétudes concernant les actions futures du gouvernement. Il a décrit les demandes de l'administration Trump comme une attaque de mauvaise foi contre une institution qu'elle juge libérale.
La situation actuelle entre Harvard et l'administration Trump soulève des questions cruciales sur la liberté académique et l'indépendance des institutions d'enseignement supérieur. Alors que Harvard s'efforce de maintenir son intégrité face à des pressions extérieures, l'issue de ce conflit pourrait avoir des répercussions durables sur l'éducation aux États-Unis.