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« Certains nous appellent, cachés dans les toilettes, car ils n’osent pas retourner en stage » : 93 % des étudiants infirmiers souffrent d'épuisement mental

Publié le : 27 mars 2025

La santé mentale des étudiants infirmiers en danger

Selon une enquête récente, 93% des étudiants infirmiers se disent épuisés mentalement. En 2022, les résultats déjà préoccupants pouvaient être attribués à la crise sanitaire. Cependant, en 2025, cette excuse ne tient plus. La Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) a interrogé 16 000 étudiants entre novembre et février, révélant une dégradation de la santé mentale des étudiants.

Près des trois quarts des répondants affirment que leur santé mentale s'est détériorée depuis le début de leur formation. Ce sentiment est lié aux conditions de stage difficiles, poussant certains à envisager d'arrêter leur formation ou même à avoir des pensées suicidaires.

Les étudiants en détresse

Ilona Denis, présidente de la Fnesi, souligne que ces résultats reflètent une réalité quotidienne. La fédération a constaté une augmentation des demandes d'aide depuis janvier. Certains étudiants se cachent dans les toilettes pour appeler, craignant de retourner dans leur service. En moyenne, la fédération reçoit plus de 100 mails par mois et 10 appels par jour.

En plus de l'épuisement physique, 70% des étudiants ont déjà pensé à abandonner leur formation, une hausse par rapport à 59% en 2022. Près de 15% des étudiants interrompent effectivement leur formation chaque année, principalement en raison des conditions de stage jugées insoutenables.

Une formation devenue invivable

Les étudiants recherchent de plus en plus l'aide de psychologues, avec 38% d'entre eux en 2025 contre 23% en 2022. Malheureusement, 31% d'entre eux prennent des médicaments tels que des anxiolytiques ou des antidépresseurs. Pire encore, 20% des étudiants ont eu des idées suicidaires, et un sur dix a tenté de se suicider.

Les témoignages d'étudiants révèlent des situations alarmantes. Une étudiante a tenté de se suicider pendant un cours, mais est revenue l'après-midi pour éviter une absence. Ces histoires illustrent un système en crise où les étudiants se sentent de plus en plus isolés.

Des conditions de stage déplorables

Les étudiants sont confrontés à un dilemme en fin de stage : dénoncer des conditions inacceptables ou valider leur stage. Malheureusement, 61% d'entre eux estiment ne pas être écoutés lorsqu'ils signalent des problèmes. Les formateurs, pris entre deux feux, privilégient souvent le service plutôt que l'étudiant.

Depuis le Ségur de la santé en juillet 2020, le gouvernement a tenté d'augmenter le nombre d'étudiants en IFSI, atteignant 8 500 étudiants supplémentaires en 2023. Cependant, cela a conduit à une pénurie de terrains de stage, où les conditions continuent de se dégrader.

La précarité des étudiants infirmiers

La Fnesi met également en lumière la précarité des étudiants, qui sont souvent contraints de sauter des repas et de travailler en plus de leurs études. Les indemnités de stage sont insuffisantes, allant de 1,03 à 1,71 euros de l'heure, bien en dessous des 4,35 euros des autres étudiants.

Les aides financières régionales sont souvent mal gérées, avec des retards et des inégalités. Cela impacte non seulement leur santé mentale, mais aussi leur réussite académique. La Fnesi appelle à une réforme urgente pour améliorer les conditions de vie des étudiants infirmiers.

Conclusion

La situation des étudiants infirmiers est alarmante. Entre l'épuisement mental et les conditions de stage déplorables, il est crucial d'agir pour améliorer leur bien-être. Les témoignages recueillis par la Fnesi soulignent une urgence à répondre à leurs besoins. Ignorer cette réalité serait une grave erreur pour l'avenir de la profession infirmière.

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