Entre la ville serbe de Novi Sad et la française Strasbourg, il y a environ 1.400 kilomètres. Ce parcours est plus long que le Camino Francés qui mène de la France à Santiago de Compostela. Cependant, les étudiants serbes ne cherchent pas à rencontrer un apôtre, mais à attirer l'attention internationale sur leurs protestations contre la corruption dans leur pays.
Départ le 3 avril, 80 étudiants ont commencé leur voyage à vélo vers Strasbourg. Leur itinéraire les a conduits à travers la Hongrie, la Slovaquie, l'Autriche et l'Allemagne, avant d'atteindre leur destination finale. Ils souhaitent remettre une lettre au Conseil de l'Europe pour sensibiliser à leur situation.
Ce voyage symbolise plus qu'un simple déplacement. C'est un acte de résistance et une manifestation des voix qui ont été étouffées. Les étudiants espèrent que l'Europe prendra enfin conscience des problèmes de leur pays, qui souffre d'une corruption endémique.
Les manifestations ont éclaté après la tragédie survenue le 1er novembre, où 16 personnes ont perdu la vie à cause de l'effondrement d'une marquise à la gare de Novi Sad. Le point culminant des manifestations a été atteint le 15 mars, avec une grande manifestation à Belgrade. Les estimations du nombre de participants varient entre 100.000 et 275.000.
Les étudiants demandent notamment une transparence sur les responsabilités liées à cet accident tragique. Ils insistent sur le fait que leurs revendications n'ont pas été prises en compte, et ils sont déterminés à poursuivre leurs actions.
Le président Vucic, au pouvoir depuis 2012, a intensifié la répression contre les étudiants. Il a récemment puni des enseignants sans salaire, malgré leur soutien aux étudiants. Lors d'un grand rassemblement, il a accusé les étudiants d'être des terroristes et a appelé à rétablir l'ordre.
Les manifestations ont été marquées par l'utilisation d'une arme sonique pour disperser la foule, causant des problèmes de santé chez les manifestants. Ce climat de tension a poussé les étudiants à demander une enquête à l'ONU.
Le Parlement serbe a récemment commencé à débattre de la nomination de Djuro Macut comme nouveau premier ministre. Ce choix est perçu comme une tentative de maintenir le contrôle tout en donnant une illusion de changement. Les analystes estiment que ces manœuvres visent à renforcer le pouvoir de Vucic.
Les étudiants, bien que fatigués, continuent de se battre pour un changement significatif. Cependant, la question demeure : comment peuvent-ils réussir sans une alternative politique solide ? Leurs efforts sont admirables, mais les défis restent immenses.
Les étudiants serbes se battent pour un avenir meilleur, mais leur lutte est semée d'embûches. Ils cherchent à briser le cycle de la corruption et à revendiquer leurs droits. Leur pèlerinage à Strasbourg est un symbole d'espoir et de résistance, mais le chemin vers le changement est encore long.