Le futur canceller allemand, Friedrich Merz, fait face à de vives critiques suite à son changement de cap concernant l'endettement. Des termes tels que "traïdor" et "antidémocrate" circulent à son sujet. Merz a promis de ne pas recourir à l'endettement pour financer les infrastructures et la défense, mais les circonstances l'ont contraint à revoir cette position.
Il a récemment déclaré que l'Allemagne ne peut pas se présenter aux prochaines rencontres internationales sans une direction claire, surtout en l'absence d'un nouveau gouvernement avant Pâques. Son discours au Bundestag n'a pas convaincu, notamment les Verts, qui sont essentiels pour toute coalition.
La coalition en cours de formation entre la CDU/CSU et le SPD doit surmonter des obstacles importants. Sans le soutien des Verts, la majorité des deux tiers requise pour assouplir le frein à la dette ne sera pas atteinte. La date limite pour convaincre les Verts est le 24 février, marquant la fin de la législature actuelle.
Les partis d'opposition, comme l'AfD et Die Linke, accusent la CDU et le SPD de manœuvres antidémocratiques. Ils ont saisi le Tribunal constitutionnel pour contester l'utilisation de l'ancien Bundestag pour des réformes constitutionnelles cruciales.
La CDU/CSU et le SPD souhaitent modifier la Loi fondamentale sur trois points principaux. Ils envisagent de créer un fonds spécial pour investir jusqu'à 500 milliards d'euros dans les infrastructures. De plus, ils veulent que les dépenses de défense ne soient plus soumises au frein à la dette au-delà de 1% du PIB.
Ce changement vise à augmenter les dépenses militaires dans un contexte où la confiance envers les États-Unis, partenaire de l'OTAN, s'amenuise. Les États fédéraux pourraient également contracter de nouvelles dettes jusqu'à 0,35% du PIB, assouplissant ainsi les restrictions budgétaires.
Heidi Reichinnek, de Die Linke, a qualifié la session parlementaire d'hier de scandaleuse. Elle estime que la suspension du frein à l'endettement pour la défense est un "chèque en blanc pour le réarmement". De plus, elle critique le manque de clarté sur l'utilisation des fonds destinés aux infrastructures.
Les critiques se multiplient, notamment de la part de Sahra Wagenknecht, qui accuse la coalition d'un "fraude électorale" massive. La situation est d'autant plus tendue que son parti n'a pas réussi à entrer au Bundestag, ce qui limite sa capacité à influencer les débats.
Le Tribunal de comptes a exprimé des inquiétudes concernant les plans financiers de la CDU et du SPD. Selon leurs estimations, une fois le fonds spécial de 10 ans pour les infrastructures expiré, des paiements d'intérêts annuels supplémentaires de 12 milliards d'euros sont à prévoir.
En raison de l'assouplissement du frein à l'endettement pour les dépenses militaires, d'autres 25 milliards d'euros par an pourraient s'ajouter. En somme, la dette supplémentaire pourrait atteindre un trillion d'euros au cours de la prochaine décennie, posant un défi majeur pour les générations futures.
Les enjeux politiques et financiers en Allemagne sont cruciaux. Les décisions prises par Merz et sa coalition auront des répercussions profondes sur l'avenir économique du pays. La lutte pour une direction claire et un équilibre budgétaire est plus que jamais d'actualité, et les tensions entre les partis risquent de persister.