La scène théâtrale britannique fait face à un déclin alarmant. Selon des recherches de la BBC, le nombre de pièces et de comédies musicales produites par les théâtres subventionnés du Royaume-Uni a chuté de près d'un tiers par rapport à il y a dix ans. En 2024, les 40 compagnies de théâtre les mieux financées ont ouvert 229 productions originales, contre 332 en 2014, soit une baisse de 31%.
Les coupures de financement et l'augmentation des coûts sont souvent pointées du doigt. Kate Varah, directrice exécutive du National Theatre, a déclaré que beaucoup dans l'industrie sont à un point de rupture. Cependant, certains théâtres affirment que les productions qu'ils montent sont de plus grande envergure qu'il y a dix ans, visant à prolonger leur durée de vie en tournée ou dans le West End.
Lesley Manville, actrice primée aux Olivier, a récemment exprimé son inquiétude concernant la diminution des opportunités pour les jeunes talents. Elle a souligné que les nouvelles générations ont "moins d'opportunités" de se développer par rapport aux années 1970. "C'est une discipline qui va diminuer, car il n'y a pas toujours suffisamment de travail scénique disponible", a-t-elle déclaré sur BBC Radio 4.
James Brining, directeur exécutif et artistique du Leeds Playhouse, a également noté une réduction des productions locales, passant de 12 à 8 par an. Il a mentionné que cette contraction est due aux coûts élevés de production, ce qui limite les opportunités pour les artistes en début de carrière.
Les pressions financières ont un impact direct sur la main-d'œuvre théâtrale. Carl Woodward, consultant en arts, a souligné des problèmes tels que le faible salaire chronique, l'insécurité de l'emploi et un mauvais équilibre travail-vie personnelle. De nombreux artistes commencent leur carrière dans des théâtres avant de passer à la télévision et au cinéma.
Les théâtres cherchent souvent à co-produire des spectacles avec d'autres établissements pour partager les coûts et les risques. Rachael Thomas, directrice générale de Birmingham Rep, a noté que certaines productions co-produites sont beaucoup plus grandes qu'auparavant, mais que le théâtre a perdu son financement local annuel, ce qui a souvent écarté les productions de plus petite échelle.
Gareth Machin, directeur artistique de Salisbury Playhouse, a observé un changement dans les goûts du public. Les spectateurs recherchent des expériences divertissantes et évitent les œuvres dramatiques plus sérieuses, surtout en dehors de Londres. "Quand l'argent est rare, les gens veulent une bonne soirée et ne veulent pas prendre de risques", a-t-il déclaré.
Stephanie Sirr, directrice du Nottingham Playhouse, a précisé qu'il est plus difficile de produire des spectacles aujourd'hui en raison des coûts exponentiels. Cependant, elle a noté que les co-productions permettent d'augmenter l'échelle des productions, comme en témoigne la tournée de "Dear Evan Hansen".
Malgré quelques théâtres ayant augmenté le nombre de leurs productions originales, la plupart des établissements font face à des défis financiers croissants. Chris Stafford, directeur général de Leicester Curve, a déclaré que le partage des ressources permet de faire plus avec moins, mais que de nombreux théâtres peinent à financer les réparations essentielles.
Le financement des conseils des arts est resté stagnant, tandis que l'inflation a fortement augmenté. Une enquête a révélé que la main-d'œuvre théâtrale est à un point de rupture, avec des taux de rémunération bas et une précarité de carrière. Cela souligne l'urgence d'une action gouvernementale pour soutenir l'industrie théâtrale.
Le paysage théâtral britannique traverse une période difficile marquée par une baisse significative des productions et des opportunités. Les défis financiers, les changements dans les goûts du public et la nécessité de co-productions sont des facteurs qui redéfinissent l'avenir du théâtre. Il est crucial que des mesures soient prises pour soutenir cette forme d'art essentielle.