
Un travailleur hospitalier, Abdu-Rabbu Ahmed, a partagé son expérience après avoir fui le dernier hôpital fonctionnel de la ville soudanaise d'el-Fasher. Il a exprimé une perte totale d'espoir et de bonheur, ayant perdu ses collègues et ses proches. "C'est comme si vous aviez perdu une grande partie de votre corps ou de votre âme", a-t-il déclaré.
Le conflit au Soudan a débuté en avril 2023, lorsque des luttes de pouvoir entre les leaders des Forces de soutien rapide (RSF) et l'armée soudanaise ont dégénéré en guerre civile. Les RSF ont pris le contrôle d'el-Fasher à la fin d'octobre après un long siège de 18 mois.
Les allégations de massacres, y compris la mort de 460 patients et de leurs accompagnateurs à l'hôpital saoudien, ont choqué la communauté internationale. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé son horreur face à ces événements tragiques.
Les survivants, comme M. Ahmed, vivent dans des camps de personnes déplacées à Tawila, à environ 70 km d'el-Fasher. Ils font face à des conditions de vie précaires, souvent sans nourriture et dans des tentes de fortune. "Nous avons partagé ce peu de nourriture que nous avions", a-t-il raconté.
Le bombardement a commencé tôt le matin, créant un état de terreur parmi les civils et les soldats. M. Ahmed a décrit des scènes horribles où de nombreuses personnes ont perdu la vie, sans personne pour les sauver.
Les rapports de massacres à l'hôpital ont été corroborés par des groupes de médecins soudanais et des réseaux d'activistes. Des images satellites montrent des indices de tueries dans l'enceinte de l'hôpital, renforçant les témoignages des survivants.
Un porte-parole du réseau des médecins soudanais a déclaré que certains travailleurs de la santé avaient été kidnappés et que des rançons étaient demandées pour leur libération. Malheureusement, certains d'entre eux ont été exécutés.
Les enfants, comme Eman, ont été particulièrement touchés. Son père a été tué dans une frappe de drone, et sa mère a été arrêtée par les RSF. "Ils ont pris nos affaires et ont dit que nous étions tous des soldats", a-t-elle raconté, décrivant des scènes de violence et de chaos.
Les femmes ont également été victimes de violences horribles. Des témoignages de violences sexuelles et d'enlèvements de jeunes filles émergent, révélant l'ampleur tragique de la situation.
La situation à el-Fasher est désastreuse, marquée par des actes de violence inouïs et des violations des droits de l'homme. Abdu-Rabbu Ahmed, comme beaucoup d'autres, n'a plus d'espoir de retourner chez lui. "Après tout ce que j'ai vu, je n'ai aucune espérance de revenir à el-Fasher", conclut-il.