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L'actrice oubliée de l'Inde qui a perdu son héritage à cause de l'oppression de caste

Publié le : 18 mai 2025

Le parcours oublié de PK Rosy

À une époque où la participation des femmes dans l'industrie cinématographique était mal vue, une jeune femme a osé rêver autrement. PK Rosy est devenue la première actrice principale du cinéma malayalam dans l'Inde des années 1920. Son film, Vigathakumaran, est aujourd'hui un symbole de la lutte contre la discrimination de caste.

Malheureusement, au lieu d'être célébrée comme une pionnière, son histoire a été enterrée par la discrimination de caste et le rejet social. Rosy, issue d'une communauté de basse caste, a fait face à de vives critiques pour avoir incarné une femme de caste supérieure dans son film. Près de cent ans plus tard, il ne reste aucune preuve tangible de son rôle.

Les débuts de Rosy dans le cinéma

PK Rosy, née Rajamma, a vu le jour au début des années 1900 dans l'ancien royaume de Travancore, maintenant Kerala. Elle appartenait à une famille de coupeurs de roseaux, membres de la communauté Pulaya, historiquement opprimée. Selon Malavika Binny, professeure d'histoire, ces personnes étaient considérées comme des esclaves et subissaient des violences horribles.

Malgré ces défis, Rosy a choisi de poursuivre une carrière dans le théâtre, encouragée par son oncle, artiste de scène. Elle est rapidement devenue une figure reconnue dans les cercles théâtraux locaux, attirant l'attention du réalisateur JC Daniel, qui cherchait une actrice pour son film.

La première et ses conséquences

Rosy a été choisie pour le rôle de Sarojini et a été payée cinq roupies par jour, une somme considérable à l'époque. Cependant, lors de la première du film, sa famille a été interdite d'entrée, simplement en raison de leur caste. Cet incident a marqué le début d'une série d'événements tragiques pour Rosy.

Le public, offensé par le choix de Rosy pour jouer une femme de caste supérieure, a réagi violemment. Des pierres ont été lancées sur l'écran, et JC Daniel a dû fuir. Cet événement a eu des répercussions dévastatrices sur la carrière de Daniel et la vie de Rosy.

Une vie dans l'oubli

Après l'échec de Vigathakumaran, JC Daniel, désormais en proie à des dettes, n'a jamais réalisé un autre film. Rosy, quant à elle, a fui sa ville natale après que sa maison a été incendiée. Elle a coupé tous les liens avec sa famille pour éviter d'être reconnue.

Elle a reconstruit sa vie en épousant un homme de caste supérieure et a pris le nom de Rajammal. Elle a vécu dans l'oubli, et ses enfants ont refusé d'accepter son héritage dalit, choisissant plutôt l'identité de leur père.

La résurgence de son héritage

En 2013, une chaîne de télévision malayalam a retrouvé la fille de Rosy, Padma, qui vivait dans des conditions précaires. Elle a déclaré qu'elle ne savait pas grand-chose de la vie de sa mère avant son mariage. Des efforts récents de cinéastes dalits et d'activistes visent à réhabiliter l'héritage de Rosy.

Le réalisateur tamoul Pa Ranjith a même lancé un festival de films annuel en son honneur. Cependant, il demeure une profonde tristesse que Rosy ait dû sacrifier sa passion pour sa survie, une réalité souvent ignorée par la société.

Conclusion

Le parcours de PK Rosy est un puissant rappel des luttes contre la discrimination de caste. Son histoire, bien que oubliée, continue d'inspirer ceux qui cherchent à redonner vie à son héritage. La résilience de Rosy face à l'oppression témoigne de la force des voix souvent étouffées dans l'histoire.

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