Des actrices italiennes affirment que le pays est devenu un refuge pour les hommes accusés et reconnus coupables d'agression sexuelle.

Introduction

En Italie, le paysage du cinéma et du théâtre est troublé par des allégations de violence sexuelle. Alors que d'autres pays, comme les États-Unis et le Canada, ont commencé à faire face à ces accusations, l'Italie semble être devenue un refuge pour des hommes accusés de tels actes. Ce phénomène soulève des questions sur la justice et la responsabilité dans l'industrie du spectacle.

Le cas de Paul Haggis

Le réalisateur canadien Paul Haggis, reconnu coupable de viol en 2022, continue de travailler en Italie. Lors d'un festival de cinéma à Rome, il a participé à une table ronde, alors que deux actrices victimes d'un directeur de théâtre faisaient une conférence de presse à proximité. Elles ont récemment remporté un jugement qui leur accorde 180 000 $ canadiens en dommages-intérêts.

Veronica Stecchetti et Federica Ombrato ont témoigné que le directeur les isolait et les forçait à des actes sexuels. Elisa Ercoli, présidente de l'association féministe Differenza Donna, a déclaré que cette décision établit un devoir pour les organisations de prévenir la violence masculine dans les arts de la scène. Cependant, les noms des personnes impliquées dans l'affaire n'ont pas été rendus publics, ce qui soulève des préoccupations quant à la protection des agresseurs.

La culture de l'impunité

Malgré les accusations, des figures comme Haggis continuent de recevoir des distinctions. En effet, il a récemment reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière. Cette situation est symptomatique d'une culture où les hommes accusés de violence sexuelle peuvent continuer à exercer leur métier sans conséquence. Cinzia Spanò, de l'association Amleta, a souligné que cette décision marque la fin d'une chaîne de violences qui a touché de nombreuses actrices depuis les années 1990.

Les juges ont ordonné que les noms des agresseurs ne soient pas divulgués, ce qui est perçu comme une protection pour ceux qui commettent ces actes. Ombrato a exprimé son indignation face à cette situation, déclarant que cela ne ressemble pas à de la justice. Les victimes continuent de se battre pour faire entendre leur voix dans un système qui semble souvent les ignorer.

Réactions et conséquences

Les festivals de cinéma en Italie, comme le Rome Independent Film Festival, semblent ignorer les implications morales de leur choix de mettre en avant des personnalités controversées. Le directeur du festival a affirmé qu'il n'était pas au courant des verdicts de New York concernant Haggis. Cette ignorance soulève des questions sur la responsabilité des institutions culturelles face à des accusations graves.

Les jurés du festival, bien que respectés, n'ont pas exprimé d'objection à la présence de Haggis. Cela montre une tendance inquiétante dans l'industrie, où des hommes accusés de violence sexuelle peuvent continuer à être célébrés. Spanò a critiqué cette attitude, soulignant que la violence envers les femmes est souvent minimisée dans le discours public.

Un appel à la prise de conscience

Les témoignages de Veronica Stecchetti et Federica Ombrato mettent en lumière la nécessité d'une prise de conscience collective. Stecchetti a exprimé son refus de rester dans l'ombre, soulignant l'importance de reconnaître la violence. Elle a également mentionné que la société italienne doit améliorer son discours sur le consentement et la violence basée sur le pouvoir.

Malgré les défis, Ombrato a déclaré qu'elle ne voulait pas abandonner sa carrière à cause des abus. Elle a souligné que de nombreuses jeunes femmes abandonnent la scène après avoir été victimes d'hommes comme le directeur en question. Cela soulève des questions sur la façon dont l'industrie peut évoluer pour protéger ses membres les plus vulnérables.

Conclusion

La situation en Italie met en lumière les défis persistants auxquels sont confrontées les victimes de violence sexuelle dans l'industrie du spectacle. Alors que des personnalités comme Paul Haggis continuent de travailler sans entrave, il est crucial que la société prenne conscience de ces injustices. Les voix des victimes doivent être entendues et des mesures doivent être prises pour garantir un environnement sûr pour tous.