L'ancien président de la Junta d'Andalousie et du PSOE, José Antonio Griñán, a demandé à la Cour d'Appel de Séville son absolution dans l'affaire de corruption des ERE. Dans un document, il critique le "retard infondé" de plus de huit mois dans la délivrance d'un jugement d'acquittement, suite à une décision partielle du Tribunal Constitutionnel (TC).
En juillet dernier, la majorité progressiste du TC a partiellement donné raison à Griñán, Chaves et d'autres anciens hauts fonctionnaires de la Junta d'Andalousie, précédemment condamnés par la Cour et le Supreme. Pour Griñán, la peine prononcée était de six ans de prison et 15 ans d'inéligibilité pour prévarication et malversation.
La demande d'absolution de Griñán intervient alors que la Cour de Séville doit rendre de nouveaux jugements après la décision du TC. La Cour a proposé d'élever l'affaire au Tribunal de Justice de l'Union Européenne (TJUE), estimant que les décisions du TC pourraient avoir "extralimité" et "envahi" des domaines réservés à la juridiction des juges.
De plus, la Cour a souligné que le "brouillage" de l'affaire initié par le TC pourrait violer le droit de l'UE et les "exigences internationales de lutte contre la corruption". Ce "brouillage" fait référence à un retournement significatif dans l'affaire de corruption, après l'examen par le TC.
La Cour et le Supreme avaient initialement jugé que le gouvernement andalou avait malversé près de 680 millions d'euros, distribués sans contrôle aux entreprises en crise pour des préretraites. Cependant, le TC a légalisé une grande partie de cette somme, car elle était incluse dans les lois de budget approuvées chaque année par le Parlement andalou.
Griñán exige donc son acquittement immédiat et critique la décision d'ouvrir un processus "qui n'aurait jamais dû être engagé" pour demander des observations sur la pertinence d'interroger le TJUE. Ce jeudi, le délai accordé par la Cour à la Procureur et aux avocats des ERE pour se prononcer sur cette question a pris fin.
Les accusations exercées par Manos Limpias et le Parti Populaire soutiennent l'idée d'élever une question préjudicielle sur les ERE au TJUE. Cependant, ni la Procureur ni les six avocats de la défense qui ont soumis des documents ne soutiennent cette initiative. La Procureur de Séville a clairement indiqué son refus de se tourner vers la justice européenne.
Aucun des avocats de la défense n'a demandé l'absolution pour les anciens hauts fonctionnaires qu'ils représentent, contrairement à Griñán. L'avocat de l'ancien président Chaves considère que la décision de la Cour de solliciter le TJUE est un "refuge" pour éviter ou "au moins retarder" l'application des décisions du TC.
Magdalena Álvarez, ancienne ministre, a affirmé qu'il n'existe "ni intérêts financiers de l'UE" dans les ERE, ni besoin pour la Cour de Séville d'une "interprétation de norme européenne" pour rendre son jugement. Elle a donc qualifié d'"manifestement impropre" le recours à la justice européenne.
De même, l'avocate de l'ancien conseiller Francisco Vallejo a souligné qu'il n'y a "aucune connexion avec le droit européen" justifiant l'élévation de l'affaire ERE au TJUE. Elle a averti que cela pourrait "extraordinairement retarder la procédure" sans tenir compte des souffrances déjà subies par son client et les autres impliqués.
La situation autour de l'affaire des ERE est complexe et soulève de nombreuses questions juridiques. Griñán, tout en demandant son acquittement, met en lumière les tensions entre les différentes juridictions. Les décisions à venir de la Cour de Séville seront cruciales pour l'avenir des anciens responsables politiques impliqués.