Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne a rompu un tabou avec Israël. Elle s'oppose aux plans du gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui vise à prendre le contrôle total de Gaza, où la situation humanitaire devient alarmante. La décision du chancelier, Friedrich Merz, de suspendre les exportations d'armes vers Israël a un fort symbole.
Cette mesure représente un changement de politique significatif pour l'Allemagne, accueillie avec satisfaction par les forces progressistes, y compris le Parti Social-démocrate (SPD). En revanche, le Comité Central des Juifs en Allemagne a condamné cette décision. Merz a exprimé son désaccord avec la situation à Gaza, tout en évitant de critiquer directement Israël.
Il a justifié la violence par le refus de Hamas de libérer les otages. Les critiques envers les plans de Netanyahu ont renforcé la position de Berlin. Merz a souligné le droit d'Israël à se défendre contre le terrorisme de Hamas, mais a également appelé à un cessation des hostilités.
Le gouvernement allemand a décidé de ne pas autoriser l'exportation de matériel de défense pouvant être utilisé à Gaza. Cette décision a été saluée par des responsables du SPD, qui la considèrent comme un premier pas vers des actions plus significatives. Des suspensions totales ou partielles de l'accord d'association de l'UE avec Israël sont envisagées.
La question demeure sur l'étendue de cette suspension. En juin, le gouvernement a indiqué que les fournitures à Israël incluaient des armes à feu, des munitions et d'autres équipements militaires. L'Allemagne a historiquement été un des principaux fournisseurs d'armement à Israël, mais les exportations ont diminué récemment.
Les experts estiment que la suspension des exportations d'armement aura un impact limité. Les entreprises allemandes représentent environ 30% des importations militaires israéliennes, principalement pour la marine. Zain Hussain du SIPRI a noté que l'Allemagne a soutenu Israël avec des navires et des équipements militaires avancés.
Malgré l'inconfort de l'Allemagne face aux actions israéliennes, cela ne devrait pas stopper les opérations militaires. Israël continue de compter sur les États-Unis en tant que fournisseur d'armements.
Le vice-chancelier et ministre des Finances, Lars Klingbeil, a soutenu la décision, la considérant comme nécessaire face à la souffrance humanitaire à Gaza. Il a rappelé que l'État d'Israël a notre solidarité, mais que les faits doivent être reconnus. En réponse, Netanyahu a accusé l'Allemagne de récompenser le terrorisme.
Les critiques ont également émané du Conseil Central des Juifs et de la Société Germano-Israélienne. Le président du Conseil, Josef Schuster, a qualifié la décision de décevante et contradictoire avec les déclarations de solidarité du chancelier.
La décision de l'Allemagne marque un tournant dans sa politique envers Israël. Les appels à des mesures supplémentaires se font entendre, notamment la suspension de l'accord d'association avec l'UE. Les leaders politiques allemands doivent maintenant plaider pour un processus politique afin de mettre fin à la guerre et à la catastrophe humanitaire.