Le chancelier et candidat du Parti Social-démocrate (SPD), Olaf Scholz, a récemment lancé un appel au vote lors de son dernier grand rassemblement de campagne. Cependant, le soutien affiché par la direction du parti ne semble pas suffisant pour un deuxième mandat. La rupture de la coalition tripartite avec les Verts et le FDP a été perçue comme une libération par de nombreux électeurs allemands, en quête de changement.
La coalition, surnommée semaforo en raison des couleurs des partis, a connu une chute sans précédent de popularité. Depuis son début en décembre 2020 jusqu'à sa rupture en novembre dernier, elle a perdu 38 points de pourcentage d'approbation, tombant à seulement 14%. Selon les données de la chaîne publique ARD, aucune autre coalition n'a connu une telle dégringolade.
Le politologue Ulrich von Alemann souligne que la coalition a commencé avec des éloges prématurés. Avant les élections de 2021, elle était perçue comme une option progressiste. Cependant, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé les priorités du gouvernement, qui a dû se concentrer sur des problématiques telles que la politique énergétique et l'inflation.
La crise ukrainienne a nécessité une réponse rapide, incompatible avec les objectifs à long terme de la coalition. Les priorités se sont déplacées vers la politique extérieure et la sécurité, laissant de côté les engagements climatiques initiaux. Les tensions entre les partenaires de la coalition se sont intensifiées, notamment en ce qui concerne la Loi de chauffage, qui visait à éliminer progressivement le chauffage au fioul et au gaz.
Le ministre de l'Économie, Robert Habeck, a même donné des instructions sur la façon d'économiser l'eau chaude. Pendant ce temps, Scholz a annoncé un changement de ère pour moderniser l'armée allemande, en promettant un fonds de 100 milliards d'euros. Cependant, cette décision a été controversée, surtout face à la résistance du ministre des Finances, Christian Lindner.
Le 15 novembre 2023, le Tribunal constitutionnel fédéral a déclaré que la politique budgétaire du gouvernement était partiellement inconstitutionnelle, ouvrant un déficit de 17 milliards d'euros. Scholz et Habeck ont tenté de convaincre Lindner de lever le frein à la dette, mais ce dernier a refusé, ce qui a exacerbé les tensions au sein de la coalition.
Les accusations mutuelles sont devenues fréquentes, menant à un ultimatum de Scholz à Lindner : soit il acceptait une augmentation de la dette, soit des élections anticipées seraient convoquées. La rupture a finalement profité aux deux parties, Scholz cherchant à prouver son autorité et Lindner voulant affirmer son rôle au sein du gouvernement.
Les projets ambitieux des partis de la coalition, présentés dans un accord de 178 pages, ont été largement inachevés. Selon l'Office des statistiques, seulement un tiers des objectifs ont été atteints. Bien que des avancées aient été réalisées en matière d'emploi et de salaires, la récession actuelle complique la situation économique.
Des mesures telles que l'augmentation du salaire minimum à 12 euros de l'heure ont été positives, mais des promesses comme la construction de 400 000 logements sociaux par an sont restées lettre morte. Les réformes sur le cannabis et le système de santé sont également restées incomplètes, malgré quelques avancées en matière de droits des personnes trans.
La situation politique en Allemagne est devenue complexe après la rupture de la coalition. Les défis économiques et sociaux demeurent pressants, et le SPD, en perte de vitesse dans les sondages, doit maintenant faire face à une opposition croissante. Les prochaines élections seront cruciales pour déterminer l'avenir politique du pays.