Une tentation est de parcourir les films d'Almodóvar à travers les œuvres qui y sont citées. En particulier, les films que les personnages regardent ou rencontrent. Cela inclut également les livres, mais le cinéma prédomine. Des films comme Te querré siempre de Rossellini dans Los abrazos rotos illustrent cette connexion.
Dans La habitación de al lado, trois films sont clairement identifiables par les protagonistes : Siete ocasiones de Buster Keaton, Carta de una desconocida de Max Ophüls, et Dublineses de John Huston. Chacun aborde l'amour, mais surtout, les deux derniers traitent du reencuentro avec un amour perdu, offrant un sens à la vie et à la mort.
Bien que je ne sois pas sûr qu'il neige dans ces films, il y a une métaphore évidente. La neige tombe sur les vivants et les morts, symbolisant le passage du temps. Cette image renforce l'idée que la vie et la mort sont interconnectées, et que chaque moment compte.
Les films cités fonctionnent comme un miroir pour les personnages de Tilda Swinton et Julianne Moore. Ils se contemplent avec la même désespérance que les spectateurs de La habitación de al lado. Ce jeu de reflets souligne la nature du cinéma et son pouvoir d'évocation du temps et de l'existence.
Sur la base du roman de Sigrid Nunez, Almodóvar crée une histoire sur l'amitié. Une femme, interprétée par Tilda Swinton, fait face à la mort et demande à une vieille amie, Julianne Moore, de l'accompagner. Ce moment soulève des questions sur l'euthanasie et la solitude.
Au-delà de cela, le film aborde la difficulté d'éprouver de la compassion pour la douleur des autres. Ce moment de gratitude et de désespoir se déroule dans un monde qui semble se dissoudre sous la neige. La neige devient une image puissante de l'angoisse et de la beauté.
La habitación de al lado ne suit pas de règles strictes. Sa structure délibérément désordonnée retrace la vie de Swinton à travers des sauts temporels. Cela déstabilise le spectateur tout en lui offrant un aperçu de la vie vécue jusqu'à la dernière respiration.
Les visages des protagonistes, exposés à la caméra, sont un élément central du film. Ils expriment des émotions brutes, allant de la douleur à la gratitude. Cette approche crée un cinéma qui parle de l'agonie d'un monde en déclin, capturant la beauté de l'instant.
La habitación de al lado est une déclaration d'amour au cinéma et à la vie. C'est un film qui invite à la contemplation, tout comme Swinton et Moore regardent des films qui parlent d'amour et de mort. Ces œuvres ne se contentent pas de raconter des histoires, elles nous touchent profondément.
Le film de Pedro Almodóvar, tout en étant intimement personnel, est aussi une expérience collective. Il explore des thèmes universels, faisant écho à nos propres luttes et réflexions. Comme le dit un personnage dans Dublineses, "son âme desfallecía poco a poco", une phrase qui résonne avec la réalité de l'existence.
En somme, La habitación de al lado est une œuvre qui transcende le simple divertissement. Elle invite à réfléchir sur l'amour, la vie et la mort, tout en utilisant la neige comme une puissante métaphore. Ce film est une exploration poignante des relations humaines, offrant une perspective unique sur notre propre humanité.