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Rafael Dezcallar, ancien ambassadeur d'Espagne en Chine : "Personne dans l'UE ne pense à remplacer l'alliance avec Washington par une autre avec Pékin"

Publié le : 11 avril 2025

Introduction

Rafael Dezcallar, né à Palma en 1955, a posé ses valises en Chine en 2018. Son arrivée coïncide avec les tensions croissantes entre le géant asiatique et les États-Unis durant la guerre commerciale de Donald Trump. Pendant son séjour à Pékin, il a vécu une pandémie sous des restrictions draconiennes, ce qui a mis à l'épreuve l'économie chinoise.

Expérience en Chine

Dezcallar a quitté la Chine en 2024, après avoir observé de près le fonctionnement de cette grande puissance communiste. Dans son livre, El ascenso de China, il partage sa vision unique des politiques d'ouverture des années 1970 à l'ascension actuelle de Xi Jinping. Ce dernier se positionne comme une alternative à l'hégémonie américaine.

En tant qu'ancien ambassadeur d'Espagne en Éthiopie, Allemagne et Chine, Dezcallar a une perspective précieuse sur le rôle de la Chine dans le monde. Son expérience diplomatique de 40 ans lui permet d'analyser les dynamiques complexes entre les nations.

Relations internationales et responsabilités

Dezcallar souligne que la Chine est le principal partenaire commercial de 120 pays, mais qu'elle doit assumer des responsabilités pour être considérée comme une superpuissance. Il évoque les attaques des hutis en mer Rouge, qui affectent le commerce entre la Chine et l'Europe, et note que Pékin n'a pas agi pour résoudre ce problème.

Il mentionne également l'absence d'initiatives de la part de la Chine pour mettre fin à la guerre civile au Sudan ou pour médiatiser le conflit à Gaza. Malgré des succès diplomatiques, comme la réconciliation entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, son engagement reste limité.

Conflit en Ukraine et médiation

Concernant la guerre en Ukraine, Dezcallar note que la Chine a exprimé sa volonté de jouer un rôle de médiateur. Cependant, il souligne que les efforts européens pour convaincre Pékin de s'impliquer n'ont pas porté leurs fruits. La Chine privilégie une relation forte avec la Russie pour des raisons stratégiques.

Il souligne que si la Russie sortait renforcée de ce conflit, cela pourrait envoyer un message négatif à l'échelle mondiale. Les Européens insistent sur la nécessité d'une paix solide pour éviter que l'agression ne soit récompensée.

Relations entre l'Espagne et la Chine

Dezcallar évoque les relations politiques entre l'Espagne et la Chine, notant qu'elles sont positives. L'Espagne cherche à établir un équilibre dans les relations entre l'Union Européenne et la Chine, tout en reconnaissant l'importance de l'alliance avec les États-Unis. Il souligne que la coopération doit se faire sur des bases équitables.

Il rappelle que la diplomatie doit jongler entre la défense des intérêts européens et la collaboration avec la Chine sur des enjeux globaux, comme le changement climatique.

Défis internes et stabilité

Le pays fait face à des turbulences économiques, et Dezcallar s'inquiète de l'impact sur la stabilité sociale. Le Parti communiste chinois (PCCh) est conscient que son contrat social repose sur la prosperité en échange de la stabilité. Si cette prospérité est menacée, des tensions pourraient émerger.

Il mentionne que le nationalisme pourrait servir de facteur stabilisateur pour le PCCh, surtout en période de rivalité avec les États-Unis. En cas de crise économique, le parti pourrait mobiliser le nationalisme pour maintenir le soutien populaire.

Conclusion

Rafael Dezcallar offre un aperçu précieux des dynamiques complexes de la Chine sur la scène mondiale. Son expérience en tant qu'ambassadeur et son analyse des politiques chinoises soulignent les défis et les opportunités qui se présentent. La Chine, tout en étant une superpuissance économique, doit naviguer avec prudence dans ses relations internationales pour maintenir sa stabilité interne.

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