Depuis que l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été mis en cause pour un supposé coup d'État, la pression pour obtenir une amnistie s'est intensifiée. Lui et sa base ultradroitière mobilisent leurs partisans, tant dans la rue que sur les réseaux sociaux. Une manifestation est prévue le 7 mai prochain, illustrant cette dynamique.
En parallèle, Bolsonaro agit au sein des institutions. Récemment, son parti, le Parti Libéral (PL), a obtenu les signatures nécessaires à la Chambre des Députés pour demander un traitement urgent d'un projet de loi. Ce projet viserait à pardonner les près de 500 condamnés pour des actes liés au coup d'État.
Actuellement, plus de 2.000 projets bénéficient d'un traitement d'urgence à la Chambre des Députés. Cela signifie qu'ils n'ont pas besoin d'une analyse préalable par des commissions. Toutefois, l'inclusion de ces projets dépend du président de la Chambre, Hugo Motta, qui a indiqué qu'il n'approuverait l'urgence que s'il y avait un accord entre l'opposition, le gouvernement et le STF pour une version plus restrictive.
Le leader du PL, Sostenes Cavalcante, a déjà proposé des modifications. La nouvelle version accorderait des pardons pour des accusations de criminalité organisée, de tentative de coup d'État, tout en maintenant les crimes contre le patrimoine. Cela pourrait aggraver les tensions entre les différentes institutions de l'État.
Le Supreme Tribunal Federal (STF) reste vigilant face à cette proposition. Il continue de juger de nombreux individus impliqués dans des actions antidemocratiques depuis le 30 octobre 2022. Le projet de loi inclut également des mesures élargissant l'amnistie aux participants des actes passés et futurs, notamment ceux ayant conduit à l'invasion de la Place des Trois Pouvoirs à Brasilia.
Si le projet est approuvé, seulement 257 votes seraient nécessaires pour accorder l'amnistie. Actuellement, la demande d'urgence bénéficie du soutien de 262 députés, y compris certains alliés de Lula. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l'autorité du STF et à l'impact d'une telle loi sur la démocratie brésilienne.
Selon le politologue Claudio Couto, de la Fondation Getulio Vargas, cette situation constitue une désautorisation politique. Si des cas comme celui-ci sont jugés et que les responsables sont condamnés, mais que l'on passe outre le STF pour des raisons politiques, cela affaiblit son autorité. Ce message pourrait être très problématique pour l'avenir démocratique du Brésil.
Bien que le texte ne semble pas directement bénéficier à Bolsonaro, l'objectif de ses soutiens est que l'amnistie puisse lui permettre de participer aux élections présidentielles de 2026. Actuellement inéligible jusqu'en 2030, il a été accusé d'avoir tenté d'annuler les résultats des élections de 2022.
La situation politique au Brésil est de plus en plus tendue, avec des enjeux importants pour la démocratie. Le soutien transversal au projet d'amnistie montre la complexité des relations entre le gouvernement et le Congrès. Les décisions prises aujourd'hui pourraient avoir des répercussions durables sur l'avenir politique du pays.