Chaque année, les techniciens d'Éco Océan analysent les biohuts immergées dans le port de plaisance de Rouen, en Seine-Maritime. Ce projet, lancé en novembre 2022, vise à préserver la biodiversité. Il s'inscrit dans un partenariat entre la Métropole Rouen Normandie, l’Agence de l’eau Seine Normandie et le GIP Seine-Aval.
Vingt habitats artificiels, appelés biohuts, ont été installés sous les pontons. Rouen est le premier port fluvial en France à bénéficier de cette initiative, après l'installation de 2 000 biohuts en Méditerranée. Ces cages métalliques sont surveillées annuellement pour évaluer les espèces présentes et leur état.
La principale espèce ciblée est l'anguille, qui parcourt 6 000 kilomètres depuis la mer des Sargasses pour se reproduire dans la Seine. Malgré des défis tels que la pêche et le dérèglement climatique, les relevés montrent une progression de la population d'anguilles. En trois ans, le nombre d'anguilles a considérablement augmenté.
Manuel Muntoni, chargé de mission au GIP Seine-Aval, se réjouit des résultats. "Nous étions à une anguille, il y a trois ans. En 2024, nous en avons compté 19", explique-t-il. Les deux premiers casiers ont révélé une quinzaine d'anguilles, ce qui est prometteur pour l'avenir.
Les biohuts sont conçus pour offrir le gîte et le couvert aux espèces aquatiques. Remplies de coquilles d’huîtres, elles créent des micro-habitats favorables au développement d'un substrat attractif pour les jeunes poissons et crustacés. Cela permet aux animaux de s’y réfugier face aux prédateurs.
Le choix du port de plaisance n'est pas anodin. Il est à l’abri des courants forts, offrant ainsi une aire de repos pour de nombreuses espèces. "Cela montre aussi que la qualité de l’eau s’améliore", souligne Muntoni, tout en précisant que des actions plus larges sont nécessaires pour restaurer la dynamique fluviale.
Les techniciens suggèrent d'étendre cette initiative à une échelle plus large, avec l'installation de 1 000 à 2 000 biohuts le long des berges. Cela pourrait favoriser le retour d'autres espèces de poissons, comme le brochet. De petites mesures peuvent améliorer les conditions d'habitat dans des milieux artificialisés.
Hugo Langlois, conseiller métropolitain, évoque un projet de reconquête du fleuve. "On veut montrer qu’on a la capacité de faire évoluer les choses à notre échelle", déclare-t-il. L’objectif est de recréer des lieux de reproduction et de protection pour les espèces.
Le projet des biohuts à Rouen représente une avancée significative pour la biodiversité dans la Seine. Grâce à des mesures concrètes, il est possible d'améliorer les conditions de vie des espèces aquatiques. L'engagement des acteurs locaux montre qu'il est possible de restaurer et protéger notre environnement.