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Mohamed Oblige de S’appeler « Antoine » au Travail : Son Ex-employeur Condamné

Publié le : 3 juin 2025

Conflit Identitaire au Travail

« La blessure est toujours là. C’est 20 ans d’une vie. 20 ans, c’est énorme ! » Pour Mohamed Amghar, la décision de la cour d’appel, qui lui a donné raison dans le conflit avec son ancien employeur Intergraph France, n’efface pas les années de souffrance. De 1997 à 2017, il a dû s’appeler « Antoine » au travail.

Ce changement de prénom a eu lieu fin 1996, lors de son embauche. « La personne qui allait être mon responsable m’a demandé de changer de prénom. Il y avait de la colère et de la honte », se souvient-il. Il n’a jamais reçu d’explications sur cette demande, ce qui le laisse perplexe. À partir de ce moment, Mohamed devient « Antoine ».

Discrimination et Racisme

« Je suppose que mon supérieur pensait que s’adresser à des clients en tant que commercial sous le prénom de Mohamed ne fonctionnait pas. C’est du racisme, de la discrimination », déclare-t-il. Malgré cela, il choisit de rester dans l’entreprise, se sentant piégé dans une situation délicate.

À plus de quarante ans, père de trois enfants, Mohamed se sent coincé. Bien qu’il ait été un commercial performant, ses récompenses annuelles, les Awards, portent le prénom d’Antoine. « Si je garde tout ça, ce n’est pas pour me rappeler des bons souvenirs. Je pensais que ça me servirait un jour », explique-t-il.

Confrontation Légale

Après avoir quitté l’entreprise, Mohamed Amghar décide de se battre contre son ancien employeur. En 2018, son avocate, Me Galina Elbaz, met en demeure Intergraph pour obtenir une réparation à l’amiable. La direction répond alors : « On ne peut pas exclure que M. Amghar ait pu être à l’origine de ce prénom », ignorant les raisons de ce changement.

Mohamed porte son affaire devant les prud’hommes. Bien qu’il soit débouté en 2022, il obtient finalement gain de cause en 2025. La cour d’appel rejette la prescription et souligne que l’employeur reconnaît l’usage du prénom Antoine sur certains documents internes.

Décision de la Cour

La cour conclut que Intergraph France échoue à prouver que la situation dénoncée par Mohamed Amghar était étrangère à toute discrimination. L’entreprise est condamnée pour discrimination, harcèlement moral et violation de la vie privée, et doit verser environ 30 000 euros de dommages.

« Ce n’est pas dissuasif », estime-t-il. « Pour une société milliardaire, c’est peu. Ce n’est rien, en fait… ». Contactée, l’entreprise n’a pas souhaité commenter. Rachetée en 2010 par Hexagon AB, elle reste engagée à créer un environnement inclusif pour ses employés.

Conclusion

Le parcours de Mohamed Amghar illustre les défis liés à l’identité au travail. Son histoire met en lumière des problématiques de discrimination et de respect de la vie privée. Malgré la victoire judiciaire, il reste un sentiment d’inachevé, soulignant l’importance de la lutte contre toutes formes de discrimination dans le milieu professionnel.

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