Le militaire soudanais a annoncé vendredi avoir repris le Palais Républicain à Khartoum, symbole de la lutte contre les forces paramilitaires. Ce palais, dernier bastion fortement gardé de l'opposition, a été le théâtre de combats acharnés depuis près de deux ans. Cette victoire pourrait ne pas mettre fin à la guerre, car les Forces de Soutien Rapide (RSF) contrôlent encore des territoires dans d'autres régions du pays.
Les combats ont causé la mort de plus de 28 000 personnes et ont provoqué une crise humanitaire majeure. Des millions de personnes ont fui leurs foyers, et certaines familles sont réduites à manger de l'herbe pour survivre face à la famine qui sévit dans certaines zones. Les estimations de pertes humaines varient, certains chiffres étant beaucoup plus élevés.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des soldats déclarant la date comme étant le 21e jour de Ramadan. Un officier militaire, en uniforme, a confirmé que les troupes étaient à l'intérieur du complexe. Le palais semblait partiellement en ruines, avec des soldats marchant sur des tuiles brisées. Ils ont chanté : "Dieu est le plus grand !"
Khaled al-Aiser, ministre de l'information du Soudan, a posté sur X que le palais était de nouveau sous contrôle militaire. Il a exprimé que "le drapeau est hissé" et que le chemin vers la victoire continue. Cependant, les RSF ont réagi en affirmant qu'ils étaient toujours présents dans la région et qu'ils combattaient avec bravoure.
Le Palais Républicain, situé le long du Nil, a été un symbole de pouvoir pendant la colonisation britannique et a vu les premières drapeaux soudanais indépendants hissés en 1956. Sa chute est une avancée significative pour l'armée soudanaise, qui a fait des progrès constants sous la direction du général Abdel Fattah Burhan.
Les combats sporadiques se poursuivent à Khartoum, bien que l'origine des tirs ne soit pas toujours claire. Le général Nabil Abdullah, porte-parole de l'armée, a indiqué que les troupes contrôlaient le palais et les bâtiments ministériels environnants. L'aéroport international de Khartoum est quant à lui toujours sous contrôle des RSF.
La situation à Al-Maliha, une ville stratégique, demeure tendue. Les RSF ont revendiqué le contrôle de cette ville, tandis que l'armée soudanaise a reconnu des combats dans les environs. Le chef de l'agence des enfants de l'ONU a qualifié ce conflit de crise humanitaire la plus grave au monde, avec des milliers de civils piégés dans les combats.
UNICEF a dénoncé le vol d'aide alimentaire destinée aux enfants malnutris, soulignant que les fournitures commerciales et humanitaires sont bloquées depuis plus de trois mois. Cela a entraîné une pénurie sévère de nourriture et de médicaments, aggravant ainsi la situation des civils.
Le Soudan a longtemps été en proie à l'instabilité, notamment après le renversement du président autocratique Omar al-Bashir en 2019. Les accusations de génocide pèsent sur al-Bashir pour ses actions dans les années 2000. Le pays a connu une transition démocratique brève avant un coup d'État militaire en 2021, mené par Burhan et Dagalo.
Depuis le début de la guerre, les deux camps ont été accusés de violations des droits de l'homme. Avant la fin de son mandat, le président américain Joe Biden avait déclaré que les RSF commettaient des actes de génocide. Les deux factions nient ces allégations.
La reprise du Palais Républicain par l'armée soudanaise marque une étape cruciale dans le conflit. Cependant, la guerre continue de faire des ravages, avec des conséquences humanitaires dévastatrices. La situation reste volatile, et l'avenir du Soudan demeure incertain.