Après quarante ans de lutte armée contre l'État turc, le PKK, organisation kurde illégale, va tenir une cérémonie pour marquer un premier pas symbolique vers le démantèlement de ses armes. Ce processus de désarmement débutera sous haute sécurité en Kurdistan irakien et devrait s'étendre tout l'été.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a salué cette initiative comme un moyen de "défaire et de jeter les chaînes sanglantes qui entravent notre pays". Depuis le début du conflit, environ 40 000 personnes ont perdu la vie, et le PKK est classé comme un groupe terroriste en Turquie, ainsi que dans d'autres pays.
Le désarmement ne sera pas seulement ressenti en Turquie, mais aussi en Iraq, Syrie et Iran. Un petit groupe de membres du PKK déposera symboliquement ses armes près de Suleymaniyah, avant de retourner à leurs bases.
Pour des raisons de sécurité, l'emplacement exact de la cérémonie n'est pas divulgué. Toutefois, il est prévu que des membres du parti pro-kurde Dem soient présents, même si d'autres partis politiques turcs majeurs ne participeront pas. Le processus de désarmement se poursuivra dans les mois à venir avec la collaboration des gouvernements turc, irakien et régional du Kurdistan.
Dans une vidéo, le leader emprisonné du PKK, Abdullah Ocalan, a déclaré qu'il s'agissait d'une "transition volontaire" vers une phase de politique démocratique. Ocalan est en isolement depuis son arrestation en 1999.
Ce n'est pas la première tentative de paix entre la Turquie et le PKK, mais c'est l'espoir le plus prometteur depuis le début du conflit en 1984. Initialement un groupe marxiste, le PKK a appelé à un État indépendant en Turquie, mais a ensuite réclamé plus d'autonomie pour les Kurdes, qui représentent environ 20 % de la population.
Un cessez-le-feu avait été annoncé en 2013, mais il a échoué en 2015 avec la violence qui a éclaté dans les villes à majorité kurde. Le gouvernement turc a alors exclu de nouvelles discussions tant que le PKK n'avait pas déposé les armes.
Ocalan, fondateur du PKK, reste une figure controversée en Turquie. Malgré ses 26 ans en isolement, il est perçu comme un symbole par de nombreux Kurdes. Deux jours avant le début du désarmement, il est apparu en vidéo pour la première fois depuis plus de vingt ans, appelant à la paix et à l'abandon des armes.
Sa déclaration a suscité une réaction forte, et son message a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, témoignant de son importance persistante dans le mouvement kurde.
Après la cérémonie de vendredi, l'attention se tournera vers le parlement turc à Ankara, où une commission sera créée pour décider des étapes suivantes. Étant donné que la pause estivale approche, aucune décision concrète n'est attendue avant plusieurs mois.
Quant à l'avenir d'Ocalan, le gouvernement a indiqué que ses conditions de détention pourraient être révisées au fur et à mesure du processus. Cependant, toute possibilité de libération sera examinée plus tard.
Le processus de désarmement du PKK représente un tournant potentiel dans le conflit turco-kurde. Bien que des défis demeurent, cette initiative pourrait ouvrir la voie à une résolution pacifique des tensions en cours. Les implications de ce développement se feront sentir non seulement en Turquie, mais également dans toute la région.