Après trois années de conflits, la situation en Ukraine a mis en lumière la dépendance de l'Europe envers la protection des États-Unis. La victoire de Donald Trump a ravivé les inquiétudes : si Washington se retire, l'Europe doit se préparer à combler ses propres lacunes en matière de défense. Ce défi nécessite de remplir des arsenaux vides et de recruter des jeunes pour renforcer des armées affaiblies.
Bruxelles tente de réagir avec son plan ReArm, renommé Readiness 2030 sous la pression de certains dirigeants. Toutefois, même si les efforts commencent aujourd'hui, il faudra probablement cinq ans pour voir des résultats tangibles. Les défis sont nombreux, et l'Europe doit réfléchir à ses besoins pour éviter d'être perçue comme vulnérable.
Selon l'amiral retraité Juan Rodríguez Garat, l'Europe dispose de technologies avancées, sauf dans le domaine nucléaire. Les capacités de défense conventionnelles dépendent largement des financements. Si l'industrie européenne reçoit les contrats nécessaires, une période de cinq ans pourrait suffire pour améliorer les arsenaux.
En matière de chasseurs de cinquième génération, l'Europe accuse un retard. Les États-Unis ont investi des décennies dans le développement du F35, tandis que l'Europe ne produit pas d'appareils similaires. Ce modèle, invisible aux radars, a été conçu pour être performant dans des missions modernes. En revanche, le Eurofighter Typhoon, bien qu'efficace, ne peut rivaliser avec ces technologies avancées.
Les pays européens, dont le Royaume-Uni et l'Italie, ont déjà commandé des F35, ce qui les rend dépendants des États-Unis pour les mises à jour et les pièces de rechange. Cette dépendance s'étend également aux missiles balistiques, que l'Europe ne fabrique pas, se limitant à des missiles de croisière moins performants.
Un autre point faible de l'Europe réside dans sa défense contre les missiles balistiques. Actuellement, l'Europe ne possède pas de systèmes capables d'intercepter ces menaces. Les systèmes IRIS-T et SAMP/T peuvent gérer des missiles à courte portée, mais pas les intercontinentaux, laissant l'Europe dépendante des États-Unis pour cette capacité.
Les États-Unis, le Japon et Israël sont les seuls à disposer de systèmes comme le THAAD. En matière nucléaire, la situation est tout aussi préoccupante. Seuls le Royaume-Uni et la France possèdent des armes nucléaires, mais ces dernières sont principalement stratégiques, rendant l'Europe vulnérable en cas de conflit limité.
La volonté politique en Europe constitue un frein majeur à une défense autonome. Bien que des ressources existent, la prise de décision collective reste un défi. De plus, l'Europe doit faire face à une fragmentation de ses capacités industrielles, avec de nombreux modèles de matériel militaire, ce qui complique l'efficacité et augmente les coûts.
Max Bergmann du CSIS suggère qu'un armée européenne commune pourrait être une solution, mais cela nécessite un changement de mentalité. Les pays européens doivent prioriser la coopération sur la compétition nationale pour renforcer leur défense collective.
En somme, l'Europe doit urgentement repenser sa stratégie de défense face à des menaces croissantes. La dépendance envers les États-Unis, combinée à des lacunes technologiques et politiques, représente un défi majeur. Si l'Europe souhaite garantir sa sécurité, des investissements significatifs et une volonté politique forte sont indispensables.