Le gouvernement géorgien continue d'intensifier ses actions contre la dissidence après les importantes manifestations de l'année passée. Un tribunal a récemment placé Zurab Japaridze, figure emblématique du principal parti d'opposition, en détention préventive. Cette décision intervient alors que Japaridze refuse de se présenter à une enquête parlementaire sur les crimes présumés commis durant le mandat de l'ancien président Mikhaïl Saakashvili.
Japaridze, leader de la Coalition pour le Changement, a terminé en seconde position lors des élections parlementaires de l'année dernière. L'opposition dénonce cette enquête comme une manœuvre illégitime du parti au pouvoir, Rêve Géorgien. Après les élections controversées de 2024, les partis d'opposition ont refusé de participer au processus législatif, ne reconnaissant pas la légitimité du parlement.
En février, le parti au pouvoir a créé une commission d'enquête parlementaire pour examiner la période de gouvernement de l'UNM de Saakashvili. L'objectif déclaré est de sanctionner le parti, mais la commission a depuis élargi son mandat pour inclure la période post-2012, accusant les anciens représentants de l'opposition de "nombreuses actions antiétatiques".
Japaridze, qui n'a occupé aucun poste pendant le mandat de Saakashvili, a été convoqué par cette commission. Comme de nombreux autres membres de l'opposition, il a boycotté la commission, refusant de reconnaître la légitimité du parlement actuel, également boycotté par les principales forces d'opposition.
Le cas de Japaridze n'est pas unique, bien qu'il soit le plus médiatisé. Il est la deuxième personne arrêtée pour avoir refusé de se présenter devant la commission. Le 15 mai, un tribunal a également ordonné la détention préventive d'Irakli Okruashvili, ancien ministre de la Défense, pour des raisons similaires.
Des poursuites pénales ont été engagées contre plusieurs politiciens ayant refusé de comparaître, en vertu d'un article du code pénal qui prévoit des amendes ou jusqu'à un an de prison. Ce climat de répression a suscité des manifestations devant le tribunal, avec plusieurs arrestations.
La situation a provoqué des réactions indignées au sein de la société géorgienne. L'ancienne présidente Salomé Zourabichvili a qualifié ces événements de "profondément honteux" pour le parti Rêve Géorgien. L'Association des Jeunes Avocats de Géorgie a également souligné que le refus de comparaître ne devrait pas être considéré comme un délit.
Ce climat autoritaire rappelle celui du passé soviétique, alors que la Géorgie était perçue comme un bastion pro-européen. Aujourd'hui, le parti au pouvoir a créé des groupes satellites au sein du parlement, se présentant comme une "opposition saine", mais qui soutient inconditionnellement les initiatives du gouvernement.
Des voix internationales s'élèvent contre la répression en Géorgie. Rasa Jukneviien, députée au Parlement Européen, a dénoncé l'augmentation de la brutalité du régime. De même, Marko Mihkelson, président de la Commission des Affaires Étrangères du Parlement d'Estonie, a exprimé sa préoccupation face à la dictature en Géorgie.
Les manifestations continuent, avec des rassemblements réguliers devant le parlement à Tbilissi. Les citoyens expriment leur opposition au régime, bloquant le trafic sur l'avenue Rustaveli, marquant ainsi 177 jours consécutifs de protestation.
La situation en Géorgie est préoccupante, avec une répression croissante contre l'opposition. Les actions du gouvernement soulèvent des inquiétudes quant à l'avenir de la démocratie dans le pays. Les manifestations persistent, témoignant de la détermination des citoyens à lutter contre l'autoritarisme.