Les autorités turques sont confrontées à une vague de contestation sans précédent depuis 2013. Cette situation a été exacerbée par l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui est également le principal rival du président Recep Tayyip Erdogan. Imamoglu a récemment dénoncé l'arrestation de son avocat, Mehmet Pehlivan, qu'il qualifie de motifs inventés.
Dans un message fort, il a déclaré que cette arrestation était une tentative d'entraver la défense des victimes d'un coup d'État contre la démocratie. Il a exigé la libération immédiate de son avocat, soulignant la gravité de la situation politique actuelle en Turquie.
En parallèle, deux journalistes ont été arrêtées alors qu'elles couvraient les manifestations qui secouent le pays. Selon le syndicat des journalistes turcs, cela porte à dix le nombre total de journalistes arrêtés récemment. Parmi eux, un photographe de l'Agence France-Presse a été relâché, mais la répression continue de s'intensifier.
Depuis l'arrestation d'Imamoglu, des milliers de citoyens manifestent dans les rues d'Istanbul et d'Ankara. Les autorités ont annoncé avoir arrêté 1 879 personnes depuis le 19 mars, avec un nombre croissant d'incarcérations. Cela témoigne d'une répression systématique des voix dissidentes.
La contestation a pris une ampleur significative, avec des milliers de manifestants se rassemblant sur la place Taksim à Istanbul. Ce lieu, chargé d'histoire, a été le théâtre de nombreuses mobilisations anti-Erdogan. La répression des manifestations en 2013 a laissé des cicatrices, et le climat actuel rappelle ces tensions.
Des chercheurs soulignent que l'incarcération d'Imamoglu a galvanisé la colère populaire. La récente primaire du CHP, ouverte à tous les électeurs, a également montré un soutien massif au mouvement contestataire, signalant un changement dans le paysage politique turc.
Le durcissement du régime d'Erdogan soulève des questions sur sa capacité à maintenir le pouvoir. Les élections futures pourraient être un tournant. Jean Marcou, professeur à Sciences-po, note que la peur de perdre le pouvoir n'a jamais été aussi forte pour l'AKP. Cela a conduit à des rapprochements stratégiques avec d'autres partis, notamment le PKK.
La montée d'une nouvelle élite politique, incarnée par des figures comme Imamoglu, représente un défi pour l'AKP. Cette dynamique pourrait forcer Erdogan à envisager des élections anticipées ou des réformes constitutionnelles pour rester au pouvoir.
La situation actuelle en Turquie est marquée par une répression croissante et une contestation populaire qui ne faiblit pas. Les événements récents mettent en lumière les tensions politiques et sociales qui pourraient redéfinir l'avenir du pays. La réaction du gouvernement face à ces défis sera cruciale pour déterminer le cours des prochaines élections et l'état de la démocratie en Turquie.