
Les nouvelles règles d'asile proposées par le gouvernement britannique ont suscité un vif débat, tant au sein du pays que parmi les membres du parti au pouvoir. Les critiques accusent la direction de se doter d'un mantel d'extrême droite pour contrer la montée dans les sondages du parti populiste anti-immigration, Reform UK.
Avant de présenter les propositions au Parlement, la ministre de l'Intérieur, Shabana Mahmood, a déclaré que le Royaume-Uni était devenu un « ticket en or » pour les réfugiés potentiels. Elle a affirmé que le débat sur l'immigration « déchire le pays ». Pour elle, la solution serait d'imiter le modèle danois et ses politiques strictes de dissuasion.
Mahmood a averti que ne pas agir entraînerait une augmentation de la colère et de la haine parmi les communautés, faisant référence aux récentes confrontations entre manifestants et contre-manifestants. Ces propositions visent à modifier considérablement le statut des personnes bénéficiant d'un asile.
Les nouvelles règles stipulent que les individus ayant obtenu l'asile ne bénéficieraient plus d'un soutien automatique de l'État. Leur statut serait temporaire, réévalué tous les 2½ ans, et ils ne pourraient prétendre à une résidence permanente qu'après 20 ans, contre 5 ans actuellement.
Les réfugiés pourraient également voir leurs biens saisis pour couvrir les coûts gouvernementaux. La ministre de l'Intérieur a précisé que ceux disposant d'actifs ou de revenus devraient contribuer au coût de leur soutien d'asile.
Les critiques ont été immédiates, certains membres du parti travailliste dénonçant une « cruauté performative » de la part du gouvernement. Le député Tony Vaughan a souligné que cette rhétorique encourageait un climat de divisivité dans les communautés, favorisant le racisme et les abus.
D'autres, comme la députée Nadia Whittome, ont qualifié ces politiques d'inspiration danoise de dystopiques, accusant le gouvernement de porter atteinte aux droits des personnes ayant subi des traumatismes inouïs.
Les organisations caritatives pour les réfugiés estiment que ces propositions compliqueront l'acceptation et l'intégration des personnes ayant obtenu l'asile. Nick Beales, responsable de la campagne au Refugee and Migrant Forum, a déclaré que cela nuirait à la cohésion sociale en faisant comprendre aux réfugiés que le gouvernement ne les souhaite pas.
Les tensions se sont intensifiées dans des villes comme Epping, où des manifestations ont eu lieu suite à des incidents impliquant des migrants. Ces nouvelles règles pourraient exacerber les conflits au sein des communautés locales.
Selon un récent sondage Ipsos, l'immigration est redevenue une préoccupation majeure pour les Britanniques, devançant des enjeux comme l'économie. Les citoyens expriment des craintes quant à la réception des demandeurs d'asile, certains affirmant qu'ils viennent pour bénéficier d'un mode de vie sans effort.
Cette situation rappelle les débats d'il y a dix ans, lorsque l'immigration était au cœur des préoccupations publiques. Des slogans comme « Stop the Boats » sont devenus des mantras politiques, illustrant la polarisation croissante autour de cette question.
Les propositions de nouvelles règles d'asile au Royaume-Uni soulèvent des questions importantes sur les droits des réfugiés et l'intégration sociale. Alors que le gouvernement cherche à répondre à une montée de l'inquiétude publique, les critiques mettent en avant les risques de division et de cruauté inhérents à ces mesures. L'avenir de la politique d'asile britannique demeure incertain.