Il est facile de penser que l'on ne comprend rien aux adolescents. Devant le lycée de la rue Dreierschützengasse à Graz, où les examens finaux ont été annulés à cause de la tragédie, des groupes se rassemblent. Ils allument des bougies dans un sanctuaire improvisé, fument et semblent presque comme en un jour normal.
Les élèves sont ensuite dirigés vers le pavillon voisin, aux fenêtres assombries, pour bénéficier d'une assistance psychologique individuelle et collective. L'accès est interdit aux journalistes, qui tentent d'approcher les jeunes. Ils sont rapidement interceptés par l'équipe d'« urgence psychologique » en gilets verts. L'importance de garder un environnement protégé pour les premières discussions est soulignée.
La scène est surréaliste : le ciel est gris, les sirènes hurlent et les adultes semblent inquiétants. Le Bundes-Oberschule Realgymnasium ressemble à un décor de film sur l'adolescence. Les premiers détails sur les victimes émergent : six élèves, trois garçons et un professeur de 59 ans.
Les histoires des victimes commencent à circuler. Parmi elles, Hanna, 15 ans, décrite par son oncle comme « la personne la plus vivante que j'ai connue ». Une jeune fille de 14 ans, la plus jeune des victimes, et la voisine de 15 ans du tireur, qui a été touchée. Un jeune homme de 17 ans figure également parmi les victimes.
Les onze blessés graves sont dans un état stable. Les détails de la tragédie révèlent une réalité douloureuse pour ces jeunes. La communauté est en émoi alors que les informations continuent de filtrer.
Le tireur, Arthur A., est décrit comme un jeune homme blond et efféminé dans les photos publiées. La police n'a pas confirmé son identité, mais des enfants du quartier affirment le connaître. Arthur A. est présenté avec un chat tigré, une image qui contraste avec la violence de son acte. Dans une lettre de d'adieu, il demande pardon à sa mère pour ce qu'il s'apprête à faire.
Dans cette lettre, il explique ses motivations : se venger d'une école où il a été harcelé. Les enquêteurs ont découvert des restes de bombe rudimentaire dans sa chambre, révélant une préparation inquiétante.
Le psychiatre Reinhard Haller a déclaré que nos écoles sont devenues des foyers de maladies. Les enfants portent des blessures invisibles qui peuvent être dévastatrices. Il a souligné l'importance de reconnaître la fragilité des jeunes, en particulier ceux qui sont déjà en détresse psychologique.
Le service d'urgence psychologique n'a pas de protocole spécifique pour une tragédie scolaire, mais il est essentiel de faire savoir aux élèves qu'ils ne sont pas seuls. Après un moment de silence à 10 heures, Graz a vu des files de donateurs de sang se former, témoignant d'une solidarité forte.
La tragédie a profondément touché la communauté de Graz. Le président Alexander Van der Bellen a promis de réexaminer la législation sur les armes pour éviter de futurs incidents. Pour l'instant, la ville fait face à son traumatisme, cherchant des moyens de guérir et de prévenir de telles violences à l'avenir.