Pour de nombreux Espagnols de ma génération, l'avenir à 17 ans avait une dimension géographique presque plus importante que temporelle. Dans les années 60, sous le régime franquiste, l'avenir signifiait sortir, voyager et découvrir le monde à travers les livres dévorés avec dévotion. Cette attitude explique en grande partie mon lien avec les États-Unis.
Mon expérience aérienne a débuté avec un billet acheté au SEU à Isaac Peral. L'avion, une relique des années 40, était surnommé The Pink Whale, avec un fuselage rose. Après un atterrissage d'urgence dans les Açores, nous sommes finalement arrivés à New York, tard dans la nuit.
À l'aéroport, un agent de sécurité m'a demandé de le suivre. J'ai essayé d'expliquer ma situation en anglais, craignant de ne pas être récupérée à temps. Mon cœur battait la chamade alors que je me questionnais sur ce qui allait m'arriver.
Nous sommes entrés dans un petit bureau où l'on m'a offert un café au goût de châtaigne. Je me suis installée dans un coin pour dormir, épuisée par le voyage. À l'aube, un gardien m'a conduit à l'arrêt de bus qui m'a finalement emmenée à Manhattan.
En arrivant à Grand Central, j'ai confirmé mon itinéraire. J'étais déterminée à conquérir New York, à voir les monuments que j'avais tant admirés dans les livres. Madison Avenue, déserte et impressionnante, m'a frappée par sa grandeur.
Au fil des années, mon attachement aux États-Unis s'est renforcé. J'ai rencontré des gens inspirants, comme une infirmière à Houston après le 11 septembre, qui a exprimé son amour pour le pays. Ces expériences ont enrichi ma vision de l'Amérique.
Des figures comme Colin Powell et Condoleezza Rice, avec leurs histoires personnelles, illustrent la diversité et la résilience de la société américaine. Ces rencontres ont façonné mon atlantisme, fondé sur des liens humains solides.
Cependant, l'élection de Trump a modifié la dynamique. Son mépris pour l'Europe et son attitude agressive ont suscité des réflexions sur l'avenir de notre alliance. Le slogan America First a été interprété comme un rejet des valeurs européennes.
Des incidents comme la pression sur le Groenland illustrent une approche géopolitique problématique. Mon atlantisme ne repose pas sur une idéalisation, mais sur la conviction que cette alliance est essentielle face aux dangers actuels.
Alors que les défis se multiplient, il est crucial de maintenir notre relation transatlantique. L'OTAN a été le ciment qui a prévenu des conflits majeurs depuis 1949. Même avec les tensions actuelles, l'alliance reste un rempart contre les instincts les plus sombres de la politique internationale.
Être atlantiste, ce n'est pas soutenir chaque décision de Trump, mais reconnaître la nécessité d'une coopération continue. La force réside dans notre capacité à répondre ensemble aux questions fondamentales de notre époque.