Les fonctionnaires sont à bout de nerfs. En mai, les salaires de plus de trois millions d'employés publics restent gelés en raison du blocage des négociations par le Gouvernement, qui fait face à un manque de Budgets Généraux de l'État (PGE).
Face à cette situation, la Central Syndicale Indépendante et de Fonctionnaires (CSIF) propose aux syndicats CCOO et UGT de s'unir pour créer un front commun. L'objectif est d'intensifier la pression sur le Gouvernement avec une "grande protestation" dans les rues de toute l'Espagne.
CSIF exige que le Gouvernement "se mette enfin autour de la table" pour discuter de l'augmentation salariale de cette année et qu'il verse le 0,5% restant pour 2024. Le syndicat estime que l'exécutif doit environ 1.200 millions d'euros aux employés publics en raison des retards et de l'évolution de l'IPC.
Lors d'une conférence de presse, le président de CSIF, Miguel Borra, a dénoncé la "grave situation" des travailleurs du secteur public, qui se sentent "complètement abandonnés" par le Gouvernement. Il a critiqué le Gouvernement pour son manque d'action face aux crises, tout en les utilisant comme exemple de désorganisation.
Borra a également accusé le Gouvernement, et en particulier le Ministère de la Fonction Publique, de ne pas vouloir négocier. Il a affirmé que les Budgets sont utilisés comme excuse pour éviter d'approuver les augmentations de salaires en attente.
Dans ce contexte, le syndicat majoritaire des fonctionnaires envisage de contacter UGT et CCOO pour organiser une grande manifestation à l'échelle nationale. Parallèlement, il proposera aux Groupes Parlementaires de promouvoir une Proposition de Loi pour que les salaires des employés publics soient automatiquement revalorisés chaque année selon l'IPC.
CSIF réclame également la négociation d'une nouvelle offre d'emploi public pour 2025, la suppression de la taux de repos, et la mise en place d'une carrière professionnelle dans toutes les administrations. De plus, il demande l'égalité salariale entre les différentes administrations publiques et l'amélioration des conditions de retraite.
Le syndicat souligne que la temporarité dans les Administrations Publiques est bloquée à 30%, dépassant largement la limite fixée avec Bruxelles. Selon l'Enquête de Population Active (EPA), ce chiffre est "très loin" de la limite de 8% d'intérim prévue pour le 31 décembre 2024.
Ce non-respect des règles a conduit l'UE à ouvrir deux dossiers d'infraction contre l'Espagne, qui pourraient entraîner des sanctions financières. En octobre dernier, la Commission Européenne avait déjà averti l'Espagne pour usage abusif des contrats temporaires.
Malgré la création de 544.151 postes au cours des quatre dernières années, près d'un tiers reste non pourvu. De plus, 40% des 8.132 municipalités n'ont pas fourni de données sur la temporarité. Les administrations continuent de créer des postes temporaires malgré les promesses du Gouvernement.
Selon l'EPA, les administrations publiques ont perdu 92.100 emplois au premier trimestre de l'année, marquant la plus forte destruction d'emplois de l'histoire. CSIF avertit que près de 30% des employés actuels pourraient partir à la retraite dans la prochaine décennie, ce qui pourrait mener à un effondrement si des mesures urgentes ne sont pas prises.
En somme, la situation des fonctionnaires en Espagne est critique. La nécessité d'un dialogue constructif avec le Gouvernement est plus que jamais urgente. Les revendications pour des augmentations salariales, des réformes structurelles et l'amélioration des conditions de travail sont essentielles pour éviter une crise plus profonde dans le secteur public.