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Construire l'Avenir de l'Europe : Réformes Internes et Coordination à Bruxelles

Publié le : 25 mai 2025

Pour faire face aux grands défis stratégiques de l'UE, des réformes nationales et une formule de financement commun sont indispensables. Dans un contexte de crises multiples, l'UE semble adopter une posture réactive. La stabilité financière était prioritaire durant la crise de la dette souveraine, mais aujourd'hui, l'accent est mis sur l'autonomie stratégique.

Avec le Covid, l'invasion russe de l'Ukraine et l'attitude plus assertive de la Chine, les leaders de l'UE se concentrent sur la compétitivité et le renforcement du marché unique. La Commission Européenne a même chargé Mario Draghi de rédiger un rapport sur la compétitivité, qui a été intégré dans la Brújula de Compétitivité.

La préoccupation pour la compétitivité n'est pas nouvelle. Déjà en 1993, Jacques Delors soulignait que le chômage en Europe était dû à un manque de compétitivité face aux États-Unis et au Japon. Il proposait un programme d'investissement dans les infrastructures et la haute technologie. Aujourd'hui, le cadre conceptuel reste similaire, mais se concentre sur la divergence croissante du PIB par habitant.

Le concept de compétitivité est ambigu et manque d'une définition solide. Bien que des institutions comme le World Economic Forum et la Commission Européenne s'accordent sur plusieurs facteurs explicatifs, il n'existe pas d'approche uniforme. Cela permet d'adapter la notion de compétitivité à des narrations politiques variées.

En examinant les indicateurs clés de compétitivité, comme l'accès à des sources de financement alternatives et l'investissement en R&D, on constate une forte hétérogénéité entre les États membres de l'UE. Les pays performants dans un domaine excellent généralement dans les autres, comme la Suède et les Pays-Bas. Cela suggère que comparer les moyennes de l'UE à d'autres juridictions peut être inapproprié pour la conception des politiques publiques.

Les États membres les moins performants ont un large potentiel pour mettre en œuvre des réformes structurelles. Il est crucial qu'ils réalisent des évaluations nationales de leur compétitivité, similaires aux rapports de Draghi, accompagnées de recommandations politiques concrètes. Cela leur permettrait de s'inspirer des pays de l'UE mieux positionnés.

Un focus exclusif sur les réformes nationales ne suffit pas. Sans véritable coordination, l'UE aura du mal à relever les défis actuels. Prenons la défense : l'industrie européenne est fragmentée, chaque État membre passant ses commandes individuellement. Cela réduit les économies d'échelle et augmente les coûts par rapport aux États-Unis, où l'industrie est plus intégrée.

Pour que les dépenses de défense soient efficaces, il est essentiel d'aligner les politiques industrielles des États membres. Les annonces d'Allemagne sur l'augmentation des dépenses publiques en défense doivent être équilibrées par une prudence pour éviter d'affecter le marché intérieur. Une hausse excessive de l'offre de dette publique pourrait nuire à l'accès au marché pour d'autres pays de la zone euro.

Il est judicieux d'explorer la financement mutualisé par l'UE pour des biens publics comme la défense. De plus, il est temps de relancer le débat sur les euro-obligations comme formule de financement commun pour les défis stratégiques. Une capacité fiscale partagée est nécessaire pour financer des projets d'intérêt commun, comme les infrastructures énergétiques.

Pour faire face aux défis de notre époque, chaque État doit assumer ses responsabilités en matière de réformes. Les membres doivent avancer unis, et la Commission doit protéger fermement le marché intérieur. Ce dont l'UE a réellement besoin, ce sont des réformes internes et une coordination à Bruxelles.

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