
Un nouveau rapport du médiateur fédéral pour les victimes de crimes met en lumière la situation alarmante des survivants de violences sexuelles au Canada. Selon ce rapport, ces victimes sont souvent trahies par un système judiciaire qui ne semble pas croire leurs allégations, entraînant des délais et des abandons de cas fréquents.
Le rapport de 300 pages, intitulé Rethinking Justice for Survivors of Sexual Violence, a été rédigé par Benjamin Roebuck, le médiateur fédéral. Il repose sur plus de 3 000 entretiens, enquêtes et examens de cas. Ce document examine comment les victimes sont traitées dans le système judiciaire et les obstacles qu'elles rencontrent.
Roebuck souligne que les victimes de violences sexuelles sont souvent retraumatisées par le système. Il déclare que "l'administration de la justice est en discrédit ouvert", et appelle à des changements fondamentaux pour encourager les victimes à se manifester sans crainte de représailles.
Parmi les 1 000 survivants ayant participé à une enquête, 93 % craignent que la police ne les croie pas. Seulement 51 % ont signalé les crimes à la police, et parmi ceux-ci, seuls 70 ont abouti à des condamnations. Ces chiffres illustrent le besoin urgent de réformes dans le traitement des allégations de violences sexuelles.
Le rapport propose 43 recommandations pour améliorer la situation, dont la nécessité d'enquêter pleinement sur les allégations. Il insiste sur le fait que les victimes doivent être entendues et crues pour que la justice soit réellement rendue.
Pour encourager les victimes à se manifester, le rapport recommande une formation spécifique pour la police et les tribunaux, axée sur les besoins uniques des survivants. Cette formation devrait tenir compte de divers facteurs tels que le sexe, l'âge et la culture.
Le rapport critique également l'utilisation des dénominations KGB, des déclarations enregistrées qui suscitent la méfiance envers les victimes. Ces pratiques doivent être abandonnées pour créer un environnement où les victimes se sentent en sécurité pour parler.
Un jugement de la Cour suprême en 2016 a établi des délais pour le traitement des affaires criminelles. Cependant, depuis, plus de 268 affaires de violences sexuelles ont été suspendues en raison de retards. Le rapport souligne que ces délais sapent la confiance dans le système judiciaire.
Roebuck appelle à des modifications du Code criminel pour établir des critères clairs concernant les délais. Ces changements sont essentiels pour garantir que les victimes ne soient pas laissées dans l'incertitude.
Le rapport de Benjamin Roebuck met en évidence des lacunes majeures dans le traitement des victimes de violences sexuelles au Canada. Il appelle à des réformes essentielles pour redonner confiance aux survivants dans le système judiciaire. Les recommandations doivent être prises au sérieux pour améliorer la situation et garantir que la justice soit accessible à tous.