Jocelyne Vitis avait 14 ans lorsque sa mère a été emprisonnée pendant huit mois pour avoir aidé une voisine à avorter. Aujourd'hui, elle attend avec impatience le vote au Sénat d'un texte qui pourrait représenter un premier pas vers la réhabilitation des femmes condamnées avant la loi Veil. Ce moment est chargé d'émotion pour elle.
Nous sommes en 1962, une époque marquée par le général de Gaulle et les accords d'Évian, qui ont accordé l'indépendance à l'Algérie. Cependant, cette période est également celle de la pénalisation de l'avortement, une loi que la loi Veil abolira treize ans plus tard. Entre 1870 et 1975, plus de 11 660 personnes ont été condamnées pour avortement, incluant tant les femmes que celles qui les ont aidées.
La mère de Jocelyne, Georgette Grisel, surnommée Madeleine, fut l'une de ces femmes. Elle a payé un prix fort pour son acte de solidarité : huit mois de prison pour avoir joué le rôle de « faiseuse d'anges ». Cette intervention visait à aider une voisine, déjà mère de cinq enfants, qui se trouvait dans une situation difficile.
« Elle a été dénoncée », confie Jocelyne, avec une pointe de regret. « Je n'ai jamais su par qui », ajoute-t-elle, semblant porter le poids de cette injustice. Cette histoire familiale est emblématique d'une époque où les droits des femmes étaient largement ignorés.
Le projet de loi qui sera voté au Sénat représente une opportunité de reconnaître les souffrances endurées par des femmes comme Georgette. Ce texte pourrait permettre de réhabiliter celles qui ont été condamnées pour avoir exercé leur droit à disposer de leur corps. Jocelyne espère que ce changement marquera une avancée significative pour les droits des femmes en France.
Le chemin vers la justice est long, mais il est essentiel de reconnaître les erreurs du passé. En mettant en lumière ces histoires, on peut espérer un avenir où les femmes ne seront plus punies pour avoir pris des décisions concernant leur santé reproductive.
Jocelyne Vitis, en attendant le vote au Sénat, se remémore une époque où les droits des femmes étaient bafoués. Son histoire, ainsi que celle de sa mère, est un rappel poignant de la nécessité de réformer les lois sur l'avortement. Il est temps de tourner la page et de réhabiliter toutes celles qui ont souffert en silence.