Ces dernières années, l'Espagne a connu une augmentation significative de sa recaudation fiscale, tant par les impôts que par les cotisations sociales. Cette tendance s'oppose à celle observée dans l'Union Européenne, où les revenus par cotisations ont diminué. Selon le Banco de España, cette évolution pourrait avoir des implications importantes pour l'économie espagnole.
Le rapport annuel du Banco de España souligne que le poids des cotisations sociales dans le PIB a augmenté de 12,8 % en 2019 à 13,2 % en 2024. Ce chiffre dépasse désormais la moyenne de l'Union Européenne, qui a connu une légère baisse. La réforme des pensions, mise en place par l'ancien ministre José Luis Escrivá, a joué un rôle crucial dans cette dynamique.
Des mesures telles que le Mécanisme d'Équité Intergénérationnelle ont été instaurées, contribuant à ce changement. Escrivá a justifié ces réformes en affirmant que les cotisations en Espagne étaient inférieures à la moyenne européenne. Ce contexte a permis d'augmenter les revenus publics, qui ont grimpé de 2,5 points de PIB en cinq ans.
Les revenus publics en Espagne ont atteint 41,5 % du PIB, tandis que la moyenne de l'UE n'a pas bougé. Les impôts sur le revenu des personnes physiques (IRPF) et les impôts sur le patrimoine ont particulièrement contribué à cette hausse. Toutefois, cette augmentation n'est pas uniquement due à l'accroissement de l'emploi, mais aussi à l'impact de l'inflation sur les revenus fiscaux.
Il est estimé qu'environ 23 % de cette augmentation provient de la création d'emplois, tandis que 77 % est attribué à la progressivité des impôts. Cela signifie que les taux d'imposition ont augmenté sans que les paramètres ne soient mis à jour, ce qui a eu un impact plus marqué en Espagne par rapport à d'autres pays de la zone euro.
Malgré l'augmentation des revenus, l'Espagne fait face à un déficit fiscal croissant. Les dépenses publiques ont augmenté de 2,6 points de PIB entre 2019 et 2024. Près de la moitié de cette hausse est due aux prestations sociales, comme les pensions. De plus, les dépenses en santé et en éducation ont également augmenté, mais restent inférieures à la moyenne de l'UE.
Le rapport indique que le décalage fiscal de l'économie espagnole est élevé par rapport aux standards historiques et internationaux. Ainsi, le Banco de España recommande une planification à moyen terme pour réviser les dépenses et les revenus publics, impliquant toutes les administrations publiques.
Le rapport annuel met en lumière les défis futurs pour l'économie espagnole. Bien que la croissance du PIB ait été de 3,2 %, des risques subsistent, notamment en raison de l'incertitude commerciale et des tensions tarifaires avec les États-Unis. L'Espagne doit naviguer dans un environnement international complexe qui pourrait affecter sa dynamique économique.
La création d'emplois a été plus dynamique en Espagne qu'en UEM, mais les experts avertissent que les perspectives économiques sont soumises à une incertitude extrême. Les liens indirects avec les États-Unis, via les chaînes d'approvisionnement mondiales, doivent être surveillés de près pour anticiper d'éventuels impacts.
En résumé, l'Espagne a réussi à augmenter sa recaudation fiscale, mais cela n'a pas suffi à compenser l'augmentation des dépenses publiques. Les défis à venir nécessitent une attention particulière et une planification rigoureuse pour assurer la santé économique du pays à long terme.