La tension et la colère montent alors que la "bataille pour l'âme de la démocratie roumaine" se profile. Le village de Poeni, en Roumanie, est le reflet d'une situation politique troublée, où un candidat d'extrême droite, Calin Georgescu, a fait sensation lors des élections présidentielles. Son ascension a suscité des débats passionnés parmi les électeurs.
Le village de Poeni, situé à un peu plus d'une heure de la capitale, n'est pas unique dans son désir de voir un candidat d'extrême droite à la présidence. En novembre dernier, Georgescu a remporté le premier tour de l'élection avec 23% des voix, atteignant même 24% à Poeni. Cependant, la Cour constitutionnelle a annulé l'élection, invoquant des interférences russes dans sa campagne en ligne.
Malgré l'annulation, les électeurs de Poeni, comme Maria, expriment leur frustration. "Ils auraient dû le laisser courir pour voir ce qui se passe", déclare-t-elle, soulignant un sentiment de démocratie bafouée. Un nouveau scrutin est prévu en mai, mais Georgescu est exclu de la course.
Les préoccupations à Poeni tournent davantage autour de la précarité économique que des valeurs politiques. Les habitants ressentent une pression financière croissante, avec des prix en hausse et des salaires stagnants. "Je veux que Georgescu remette de l'ordre", confie une femme, déçue par les promesses non tenues des précédents dirigeants.
Les jeunes, en quête d'opportunités, quittent souvent le pays, laissant derrière eux des parents inquiets. "Ce n'est pas normal", déclare Ionela, une commerçante locale, qui souligne la nécessité d'emplois pour les jeunes dans la région. Les migrants envoient de l'argent à leurs familles, mais cela ne suffit pas à résoudre les problèmes locaux.
La situation politique en Roumanie a attiré l'attention au-delà de ses frontières, notamment lorsque le vice-président américain JD Vance a évoqué des "soupçons fragiles" concernant l'annulation des élections. Il a souligné la pression exercée par l'UE sur la Roumanie, provoquant des réactions variées.
Les tensions entre les États-Unis et la Russie se reflètent dans les discours politiques, créant un climat de méfiance. Les analystes, comme Ion Ionita, affirment que la démocratie roumaine est sous pression et que le pays doit naviguer prudemment entre ses alliances et ses défis internes.
Pour Florin Buhuceanu, un militant LGBT, la situation actuelle est préoccupante. Avant la légalisation de l'homosexualité en 2001, la vie était insupportable pour les personnes comme lui. Aujourd'hui, il craint que la montée de l'extrême droite ne ramène le pays à une époque de répression.
Les menaces qu'il reçoit pendant cette campagne électorale témoignent d'une atmosphère tendue. L'augmentation de la rhétorique antisémite et homophobe inquiète les défenseurs des droits humains, qui appellent à la vigilance. "C'est une bataille pour l'âme de la démocratie roumaine", affirme-t-il, soulignant l'importance de la solidarité dans ce contexte difficile.
La Roumanie se trouve à un carrefour critique, où les enjeux politiques, économiques et sociaux se croisent. Les électeurs de Poeni et d'ailleurs expriment des attentes élevées face à un avenir incertain. La démocratie roumaine doit naviguer entre des défis internes et des pressions externes, tout en protégeant les droits de tous ses citoyens.