Le 2 avril, surnommé par le président américain Donald Trump le 'Jour de la Libération', a marqué un tournant dans l'analyse économique du Banque Centrale Européenne (BCE). Luis de Guindos, le vice-président, a reconnu que les tarifs douaniers annoncés par Washington ont créé un nouveau cadre d'analyse. Cela place l'Europe à une encrucijada où elle doit répondre de manière réfléchie.
Lors de son intervention à l'Assemblée Générale de l'AEB (Association Espagnole de Banque), De Guindos a souligné que les décisions de l'administration Trump ont modifié les perspectives à Francfort. Cela a ouvert un scénario d'incertitude quant à l'impact de ces mesures sur les marchés et les économies.
Avant le Jour de la Libération, le BCE considérait que les valorisations d'actifs étaient très élevées, tant en rente variable qu'en rente fixe. De Guindos a mentionné des pressions sur les comptes publics de la zone euro et l'incertitude mondiale affectant la croissance. Cependant, le 2 avril a bouleversé cette analyse.
Il a déclaré que les décisions de Trump représentent un changement de paradigme. Les marchés devront s'ajuster à une nouvelle situation d'équilibre, dont les implications pour l'économie mondiale restent inconnues. Cette situation pourrait entraîner une fragmentation accrue de l'économie mondiale.
De Guindos a insisté sur la nécessité pour l'Europe de passer à l'action face à cette encrucijada. La réponse doit être réfléchie et prudente, visant à éviter une escalade du conflit commercial. Il a souligné que l'Europe doit augmenter son dépense en défense pour atteindre 800 milliards d'euros en quatre ans.
Le défi réside dans le financement de cette augmentation. Que ce soit par l'émission de dette, l'augmentation des impôts ou la réduction d'autres dépenses, cela dépendra de l'espace fiscal des pays. De Guindos a également évoqué l'importance d'augmenter l'autonomie de l'Europe dans le nouvel ordre géopolitique.
Il est primordial pour l'Europe de renforcer son indépendance pour faire face aux nouveaux défis. Cela nécessite de finaliser des réformes essentielles, notamment l'intégration des marchés de biens et services et la union bancaire. De Guindos a insisté sur l'importance d'agir de manière unie au sein de l'UE.
Il a également affirmé que le secteur financier européen, y compris le secteur espagnol, est bien positionné en termes de capital et de liquidité. Cela est crucial pour surmonter les turbulences et saisir les nouvelles opportunités d'investissement qui se présentent.
Dans le cadre du maintien de la compétitivité espagnole, De Guindos a transmis un message au gouvernement de Pedro Sánchez. Il a exprimé des réserves concernant la proposition de réduction de la journée de travail. Selon lui, dans le contexte actuel des tarifs, il est vital de préserver la compétitivité.
Il a souligné que cela implique d'éviter d'augmenter les coûts pour les entreprises. La réduction de la journée de travail ne semble pas être la solution idéale dans ces circonstances. La compétitivité de l'économie espagnole doit être maintenue pour faire face aux défis futurs.
En conclusion, le 2 avril a marqué un tournant significatif pour le BCE et l'Europe. Les décisions américaines imposent un nouveau cadre d'analyse et d'action. L'Europe doit répondre de manière réfléchie pour éviter une escalade des tensions commerciales et renforcer sa position dans un monde en mutation.