Les arbres de karité, source du précieux beurre connu sous le nom de « or des femmes », font face à une menace croissante en Ouganda. Mustafa Gerima, un ancien enseignant devenu environnementaliste, se bat pour sensibiliser les communautés locales à la valeur des noix de karité. Son objectif est de protéger ces arbres, souvent abattus pour produire du charbon, plus rentable selon les villageois.
Il y a six ans, Mustafa Gerima a quitté l'enseignement pour se consacrer à la protection des arbres de karité. Lors de son retour, il a découvert que la réserve forestière de Mount Kei, autrefois luxuriante, était devenue presque stérile. Aujourd'hui surnommé « Bwana Shea », il parcourt les villages du nord-ouest pour mobiliser les gens autour de cette cause. Les habitants, face à des récoltes décevantes, ont perdu tout intérêt pour ces arbres.
Gerima explique que, « il y a trente ans, l'arbre de karité avait un cycle de production régulier ». Aujourd'hui, le changement climatique a provoqué des sécheresses prolongées, perturbant la production de noix de karité. L'Ouganda perd chaque année l'équivalent de 140 000 terrains de football de couverture forestière, affectant gravement la population locale.
La situation économique des communautés locales est alarmante. Mariam Chandiru, productrice de beurre de karité, témoigne que son entreprise est en déclin. « Avant, je vendais jusqu'à cinq jerrycans d'huile de karité par semaine, maintenant je n'en remplis que deux », déclare-t-elle. Cette baisse de production a un impact direct sur la capacité des familles à subvenir à leurs besoins.
Les femmes, traditionnellement responsables de la récolte des noix de karité, voient leur source de revenus disparaître. Selon le professeur John Bosco Okullo, expert en agroforesterie, des années d'insécurité ont également contribué à la dégradation de la situation. « La propriété des arbres a été perdue à cause des conflits », explique-t-il.
Le professeur Okullo souligne que le changement climatique a exacerbé les problèmes liés à la production des noix de karité. « La productivité a chuté, les arbres ne fleurissent plus comme avant », dit-il. En outre, l'expansion urbaine menace les forêts restantes, car les arbres sont abattus pour des projets de développement.
Pour contrer cette tendance, il est essentiel de planter de nouveaux arbres. Des initiatives communautaires émergent, et certaines personnes utilisent des techniques de greffage pour accélérer la production. L'utilisation de la technologie, comme l'intelligence artificielle, est également envisagée pour cartographier les arbres matures et estimer les rendements futurs.
Malgré les défis, des efforts de conservation se multiplient. En 2023, le gouvernement ougandais a interdit l'abattage des arbres de karité pour le charbon, bien que l'application de cette loi reste difficile. « La demande de charbon est élevée dans les zones urbaines », indique le professeur Okullo, soulignant la nécessité de sources d'énergie alternatives.
Mustafa Gerima continue son combat, conscient que la préservation des arbres de karité est essentielle pour les générations futures. « Si nos enfants ne trouvent que des souches, que penseront-ils de nous ? », s'interroge-t-il. Son engagement pour la sensibilisation et l'éducation est crucial pour assurer un avenir durable.
La lutte pour la sauvegarde des arbres de karité en Ouganda est un enjeu vital. Les efforts de conservation, combinés à une sensibilisation accrue, peuvent contribuer à protéger ce précieux patrimoine naturel. L'avenir des communautés et des écosystèmes dépend de notre capacité à agir ensemble pour préserver ces arbres emblématiques.