Aitor Esteban a anticipé, juste avant sa désignation officielle comme président, que le PNV doit « se mettre au travail » face à un paysage politique incertain, avec Bildu sur ses talons. Ce message a rapidement circulé parmi les près de 700 participants d'un conclave interne, conçu pour renforcer l'image et le leadership du PNV en Euskadi.
Après un passage de relais, Andoni Ortuzar a été remplacé par Esteban. Les membres du PNV ont soutenu « à la bulgare » les cinq ponctions qui définissent une feuille de route axée sur le pragmatism. Cette feuille de route appelle à reconnaître Euskadi comme une « nation » en Europe, tout en demandant aux membres de réévaluer leur relation avec les citoyens pour mieux les connecter.
La nouvelle direction s'efforce de faire en sorte que « le parti » ne soit pas uniquement absorbé par la gestion institutionnelle. Esteban souhaite restaurer une bicephalie non seulement en période critique mais aussi au quotidien, afin de représenter un PNV affaibli par la gestion actuelle.
Ce matin, Esteban devra clarifier comment il envisage ce renouveau, après la perte de près de 100 000 voix et la menace d'EH Bildu, qui n'était qu'à 29 000 voix lors des élections autonomiques de 2024. Esteban recevra aujourd'hui la makila d'un Ortuzar qui, avec le soutien d'Imanol Pradales, embrasse sa nouvelle condition de jeltzale.
Les cinq ponctions qui constituent désormais le noyau idéologique du PNV pour les quatre prochaines années ont été approuvées par plus de 92 % des 345 délégués présents. Cependant, une trentaine d'assistants ont exprimé leurs doutes concernant la modification d'un modèle organisationnel jugé démodé.
Imanol Lasa, dirigeant du PNV à Guipúzcoa, a résumé l'objectif : « évoluer pour rester la force leader ». La référence constante au leadership du PNV reflète une préoccupation croissante face aux récents résultats électoraux. Le PNV a conservé ce leadership lors des élections à Vizcaya, mais il est en recul face à Bildu à Guipúzcoa et Álava.
Esteban entend renforcer la présence politique du PNV par le biais de portavoces locaux et s'engage à une « écoute active » de la société. Cependant, cette approche n'a pas été très efficace lors du processus interne lancé en 2022, alors que le PNV commençait à ressentir la nécessité d'une réaction face à EH Bildu.
En parallèle, le PNV aspire à ce qu'Euskadi soit reconnue comme une « nation » en Europe. Les nationalistes prônent le dialogue, le pragmatisme et les accords, s'éloignant des proclamations souverainistes. Ils maintiennent cet objectif en misant sur des mécanismes de représentation propres, tels que la Macrorégion Atlantique, et en mettant en place une « diplomatie » politique à l'échelle internationale.
En somme, Aitor Esteban se trouve à un tournant crucial pour le PNV. Avec des défis électoraux à relever et un besoin urgent de renouveau, sa capacité à instaurer une bicephalie efficace et à renforcer le lien avec les citoyens sera déterminante pour l'avenir du parti en Euskadi.