Plus de cinq ans après avoir remporté le Prix National de la bande dessinée avec Primavera pour Madrid, Magius, pseudonyme de Diego Corbalán, fait son retour en librairie avec une nouvelle nouvelle graphique. Cet ouvrage, intitulé Black Metal, offre une leçon d'histoire populaire et culturelle, déguisée en satires macabres.
Magius aborde les événements clés qui ont marqué l'essor et la chute des fondateurs du black metal. Ce sous-genre du heavy metal, né en Norvège au XXe siècle, est entouré d'une histoire sombre, comprenant des suicides, des églises incendiées et des meurtres. L'auteur propose une version enrichie de ses travaux précédents, publiés entre 2001 et 2007.
À travers près de 300 pages, il nous présente des figures emblématiques du black metal norvégien, transformées en écoliers turbulents. Bien que leurs noms restent inchangés, ces personnages sont des reflets déformés de leur comportement adolescent, jouant avec le feu jusqu'à se brûler.
Le livre raconte comment, depuis Oslo, Øystein Aarseth, connu sous le nom d'Euronymous, et sa bande, Mayhem, ont posé les bases du black metal. Le terme a été emprunté à l'album éponyme de Venom, caractérisé par un son lourd et des paroles extrêmes. Ce mouvement a attiré de nombreux jeunes en Norvège, mais ses répercussions ont été ressenties mondialement.
Aarseth a également ouvert Helvete, une boutique de disques qui est devenue un lieu de rencontre pour le mouvement. De nombreuses bandes ont vu le jour grâce à Helvete, mais Burzum, dirigé par Varg Vikernes, a particulièrement retenu l'attention, malgré son statut de projet solo.
Les années 90 ont été marquées par des scandales choquants. En 1990, le chanteur de Mayhem, Per Yngve Ohlin, s'est suicidé. Aarseth a profité de cette tragédie pour immortaliser le corps dans une photo qui a servi de couverture à leur premier album. Ce disque est devenu le testament d'Aarseth, qui a lui-même été tué un an plus tard par Vikernes.
En 1994, Bård Eithun, batteur d'Emperor, a été condamné à 14 ans de prison pour meurtre. Pendant cette même période, plus de 50 églises en bois ont été incendiées, et des tombes profanées, souvent attribuées aux membres de l'Inner Circle, un groupe prônant l'éradication du christianisme.
Magius utilise ces événements tragiques comme toile de fond pour une œuvre qui, malgré sa noirceur, provoque le rire. Son sens de l'humour lui permet de prendre des décisions audacieuses qui ajoutent une dimension surprenante à ce livre. Les personnages jettent des jurons en murcien et leur comportement s'inscrit dans la tradition du cartoon, évoquant des séries comme South Park.
En parallèle, l'auteur s'inspire de l'art classique pour dépeindre des paysages norvégiens évocateurs, en citant des artistes comme Theodor Kittelsen. Ses illustrations en noir et blanc, réalisées avec soin, créent un impact visuel fort.
Magius témoigne d'un intérêt profond pour la musique black metal, ce qui se reflète dans son livre. Sous une forme pyrotechnique, il aborde le sujet avec un rigueur journalistique. Ce travail soulève des questions pertinentes sur l'histoire de la Norvège. Comment un pays si paisible a-t-il pu abriter un tel monstre ? La musique n'était qu'une excuse, tandis que le véritable terrorisme était bien réel.