Alors que la Bolivie se prépare à voter lors des élections générales, les problèmes économiques dominent le paysage. L'inflation galopante et la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants sont au cœur des préoccupations. Le futur président devra faire face à un défi immense pour redresser la situation du pays.
El Alto, la deuxième plus grande ville de Bolivie, abrite 1,2 million d'habitants. Située à une altitude de 4 150 m, elle est la plus haute ville du monde avec une telle population. Dans ses rues étroites, les vendeurs proposent une multitude de produits, allant des oranges aux chaussures de marque contrefaites.
Josue Macias, un mécanicien, illustre les effets de l'inflation sur sa famille. "Les prix montent, mais nos revenus restent les mêmes," déclare-t-il. "Nous devons nous serrer la ceinture, et les prix des aliments, comme la viande et les œufs, ont doublé." Cela reflète la réalité difficile de nombreux Boliviens.
L'inflation en Bolivie est le résultat d'une combinaison de facteurs. La baisse de la production de gaz naturel a entraîné une diminution des exportations, ce qui a réduit les revenus étrangers. Par conséquent, le pays fait face à un manque de dollars américains, rendant les importations de carburant et de nourriture plus coûteuses.
Les pénuries de carburant ont provoqué des manifestations à travers le pays. Les chauffeurs de camion peuvent attendre plus de 24 heures pour faire le plein. Gonzalo Ris, chauffeur de taxi, partage sa frustration : "Avant, il était facile de faire le plein. Maintenant, je dois attendre jusqu'à six heures," dit-il, soulignant le gaspillage de temps.
Depuis près de 20 ans, le gouvernement bolivien a maintenu les prix du carburant artificiellement bas grâce à des subventions. Cependant, en 2023, la compagnie d'État YPFB a signalé un épuisement des réserves de gaz naturel. Cela complique la capacité du gouvernement à financer ces subventions, qui ont coûté 2 milliards de dollars l'année dernière.
Le président sortant, Luis Arce, a accusé le parlement de bloquer les prêts nécessaires pour soutenir la production de gaz. En revanche, ses opposants lui reprochent la crise économique actuelle. Cette situation a exacerbé les difficultés pour les Boliviens, qui voient leurs coûts de la vie grimper.
Les restrictions sur l'utilisation des cartes de crédit compliquent également la vie des entreprises en Bolivie. Alessandra Guglielmi, propriétaire d'une entreprise alimentaire, se plaint des limites ridicules imposées par les banques. "35 dollars par mois pour des achats en ligne, c'est insuffisant pour une entreprise," dit-elle, exprimant ses inquiétudes quant à l'avenir de son commerce.
Elle craint que la hausse des prix des aliments ne l'oblige à augmenter ses tarifs, ce qui pourrait dissuader les clients. "Mes marges ont diminué, et il est très difficile de maintenir mon entreprise dans ces conditions," ajoute-t-elle.
De nombreux Boliviens espèrent qu'un nouveau gouvernement pourra changer la donne. Actuellement, deux candidats de droite sont en tête des sondages. Samuel Doria Medina, ancien actionnaire d'une grande entreprise de ciment, et Jorge Quiroga, ancien président, sont en lice pour la présidence.
Si aucun candidat n'obtient plus de la moitié des voix lors du premier tour, un second tour aura lieu. Cependant, des analystes comme Franklin Pareja restent sceptiques. "Un changement de gouvernement ne garantira pas la stabilité," prévient-il, soulignant que des changements économiques structurels impopulaires seront nécessaires.
La Bolivie est à un carrefour critique. Avec des défis économiques croissants, le futur président devra naviguer dans un paysage complexe. Les attentes sont élevées, mais les réalités économiques pourraient rendre toute amélioration difficile à réaliser. Les Boliviens espèrent un avenir meilleur, mais les obstacles sont nombreux.