À Nogent-le-Rotrou, la PME Vergnaud BTP ne connaît pas la crise. Ses chantiers s'enchaînent, mais elle peine à trouver du personnel. L'étude sur les Besoins en Main d'Œuvre (BMO) de France Travail confirme cette réalité. « Dans le BTP, je ne connais pas une entreprise qui ne soit pas en recherche de personnel », souligne Adrien Vergnaud, directeur de Vergnaud TP, qui recherche activement deux salariés polyvalents pour compléter son équipe de neuf personnes.
Selon France Travail, l’Eure-et-Loir, un département agricole, recrute plusieurs centaines de salariés saisonniers dans l’agriculture et le maraîchage. De plus, il manque 250 infirmiers et sages-femmes, ainsi que des aides à domicile et auxiliaires de vie. « Nous n’arrivons pas à résorber cette pénurie », déplore Karine Moreau, directrice régionale des agences d’intérim Artus.
Pire encore, dans le secteur des travaux publics, il y a un manque de personnel à tous les niveaux. Que ce soit pour un manœuvre, un ingénieur, un chef de chantier, un couvreur ou un plombier, la situation est préoccupante. « Que ce soit en intérim ou en direct, nous n’arrivons pas à résorber cette pénurie », constate Karine Moreau.
Les centres de formation et les lycées professionnels ont également des difficultés à recruter des élèves. Cette situation se répercute directement sur les entreprises, qui peinent à trouver des candidats qualifiés. France Travail calcule un taux de pénurie supérieur à 80 % pour les métiers du BTP, tandis que la logistique affiche un taux inférieur à 10 %.
« Nous recrutons des intérimaires et des jeunes sans formation. Ceux qui ont le sens des responsabilités, on essaie de les garder », explique Adrien Vergnaud. Un exemple est Julien Lucas, 23 ans, qui a accepté une mission d’intérim dans le BTP après divers petits boulots. « L’ambiance est familiale, on est accompagné dans ce que l’on fait », témoigne-t-il.
Adrien Vergnaud envisage de recruter Julien à la fin de sa mission, même s'il n'a pas de qualifications dans le domaine. Il aura l'opportunité de passer des certificats plus tard. « Formés ou pas formés, le plus compliqué est de trouver des gens prêts à faire une heure en plus sur un chantier pour éviter de revenir le lendemain », ajoute-t-il.
Cette pénurie impose une gymnastique complexe avec les calendriers des chantiers. « Pour l’instant, j’arrive à tenir les délais. Mais c’est parce que j’interviens en premier », indique Adrien Vergnaud, qui monte des murs et pose des fondations. Cependant, pour les métiers du second œuvre, tout retard peut rapidement décaler l'ensemble du projet.
« Dès qu’il y a un grain de sable, tout est très vite décalé », assure-t-il, soulignant l'importance de la planification dans un secteur en crise. Les entreprises doivent s'adapter en permanence pour gérer cette pénurie de main-d'œuvre.
En résumé, la situation du BTP en Eure-et-Loir est préoccupante. Les entreprises comme Vergnaud BTP font face à une pénurie de personnel qui complique la réalisation de leurs projets. Il est essentiel de trouver des solutions pour attirer et former de nouveaux travailleurs afin de garantir la pérennité du secteur.