
Une large majorité de députés a rejeté la première partie du budget 2026, mettant fin aux débats à l'Assemblée nationale. Ce vote, bien que prévisible, est sans précédent. Dans la nuit de vendredi à samedi, les députés ont massivement refusé la partie recettes du projet de loi de finances 2026. Pour la première fois sous la Ve République, un élu a voté pour le texte, Harold Huwart du Liot.
Dans l'hémicycle, 404 députés ont voté contre et 84 se sont abstenus. Ce rejet était inéluctable, mais il pourrait laisser des traces. La première conséquence est l'arrêt immédiat des débats à l'Assemblée, le texte étant envoyé directement au Sénat dans sa version initiale. Les 125 heures de débats passées à discuter n'ont donc servi à rien.
Le Premier ministre avait anticipé ce revers, minimisant son impact. Dès lundi soir, les représentants du socle commun ont confirmé qu'ils ne voteraient pas ce budget. La situation est jugée insincère par le gouvernement. Ce vendredi, Sébastien Lecornu a réuni les présidents de groupe à l’Assemblée et au Sénat, parlant d’un format inédit à ce stade du processus budgétaire.
L'objectif n'était plus de trouver une issue positive, mais de préparer la suite, marquée par une navette parlementaire incertaine. Dans l’hémicycle, la quête de compromis a rapidement dégénéré en une foire à la taxe, avec des députés de la France insoumise et du Rassemblement national comme principaux acteurs.
Les discussions autour du budget 2026 ont mis en lumière des tensions. Un amendement à 26 milliards de fiscalité nouvelle a braqué le bloc central. Bien que le budget puisse théoriquement réduire le déficit à 4,1 %, le gouvernement identifie des mesures potentiellement contraires à la constitution et aux conventions fiscales internationales.
Sans ces mesures, le déficit pourrait grimper à 5,3 %. Un député a même déclaré que ce budget était un « enfant difforme », tandis qu'un autre le qualifiait de « super orphelin ». Philippe Juvin a dénoncé un texte inapplicable lors de son intervention.
Malgré ces difficultés, les socialistes ont essayé d'atteindre un compromis. Des propositions comme la hausse de l'impôt sur les sociétés ou la réindexation du barème de l'impôt sur le revenu n'ont pas suffi à changer la donne. Un membre du parti a souligné que le rejet de la partie recettes doit être perçu comme un avertissement.
Ce rejet a suscité des inquiétudes parmi certains députés. Un député a exprimé que ce résultat pourrait influencer la suite des discussions. Cependant, les jours du Premier ministre ne sont pas encore comptés, plusieurs sources socialistes restant optimistes sur l'avenir des négociations.
La négociation se poursuivra jusqu'à la fin de l'année. Au sein du PS, on espère un vote formel du budget de la sécurité sociale ou, dans le pire des cas, un recours aux ordonnances pour suspendre la réforme des retraites. Concernant le projet de loi de finances, un recours à la loi spéciale pourrait être envisagé.
Cependant, cela ne met pas fin aux négociations. La loi spéciale est une solution provisoire pour éviter un shutdown. Si les discussions se déroulent sans accroc, elles continueront. Sinon, un arrêt des pourparlers pourrait devenir inévitable.
Le rejet du budget 2026 à l'Assemblée nationale marque un tournant dans le paysage politique français. Les tensions entre les différents partis, ainsi que les difficultés à trouver un compromis, soulignent une situation budgétaire complexe. L'avenir des discussions reste incertain, mais la nécessité d'un accord est plus pressante que jamais.