
Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 ravive le débat concernant les biocarburants B100 et E85. Samedi soir, les sénateurs ont rejeté une disposition visant à supprimer les avantages fiscaux pour ces deux carburants. Ce vote a été identique à celui des députés.
Le PLF propose la suppression du tarif particulier pour le B100, un biogazole à base de colza, principalement utilisé par les transporteurs. De plus, il prévoit une réduction progressive de l’avantage fiscal pour l’E85, un éthanol produit notamment à partir de betteraves en France.
Ces mesures ont suscité une réaction forte au sein de la filière, des producteurs de betteraves et de colza aux industriels. La FNSEA, un puissant syndicat agricole, a fait de cette question un véritable cheval de bataille.
Lors des débats à l’Assemblée nationale, cette mesure avait également été supprimée. Bien que le vote du Sénat soit identique, il ne préjuge pas de l’issue des discussions sur cette mesure, car le PLF sera examiné jusqu’à mi-décembre au Parlement.
La France est le premier producteur européen de bioéthanol et le deuxième de biodiesel. Les biocarburants B100 et E85 ont longtemps bénéficié d’une niche fiscale pour encourager leur production dans le cadre de la transition écologique.
À leur lancement, ces carburants étaient présentés comme capables de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 50 à 70 % par rapport aux carburants fossiles. Cependant, plusieurs rapports ont remis en question leur efficacité réelle pour atteindre cet objectif.
En 2023, la Cour des comptes européenne a affirmé que l’usage des biocarburants « ne permet pas nécessairement de réduire les émissions de GES » et que ces réductions sont souvent surestimées. Cela soulève des questions sur la durabilité de ces filières.
Pour limiter la pression sur les terres, l’Union européenne promeut désormais les biocarburants de « deuxième génération », issus de résidus agricoles ou de déchets. Ces biocarburants pourraient réduire les émissions de 80 à 90 %, selon l’institut de recherche IFPEN.
En France, les biocarburants de deuxième génération représentent déjà 22 % des biodiesels et 31 % des bioessences consommés en 2024. Toutefois, leur production reste encore trop limitée pour remplacer les filières conventionnelles.
Une « troisième génération » de biocarburants, produite à partir de micro-organismes, est également en phase de développement. Cette évolution pourrait offrir de nouvelles solutions pour répondre aux enjeux environnementaux.
Le débat autour des biocarburants B100 et E85 met en lumière des enjeux économiques et environnementaux cruciaux. Alors que la France cherche à équilibrer ses objectifs de transition écologique et les réalités du marché, l’avenir de ces carburants reste incertain.