Il y a 50 ans, le régime des Khmers rouges a commencé son règne de terreur au Cambodge. Ce gouvernement catastrophique a causé la mort de jusqu'à deux millions de personnes. Malgré des efforts pour traduire en justice les leaders du régime, la justice reste insaisissable.
Bokhara Bun, qui a vécu cette période, se souvient de son enfance insouciante à Phnom Penh. Son souvenir des soldats en noir accueillis par des citoyens pleins d'espoir se transforme rapidement en évacuation traumatisante vers des camps de travail. Les horreurs qui ont suivi ont déchiré des familles et causé des souffrances inimaginables.
Les enfants affamés étaient punis pour avoir "volé" des fruits, illustrant la brutalité du régime. Bun se souvient d'une de ses sœurs, battue à mort, tandis que ses parents étaient forcés de regarder sans pouvoir intervenir. Ce climat de terreur a marqué à jamais son enfance.
Dans les années 1970, le Cambodge était en proie à une instabilité profonde. Le régime des Khmers rouges a promis un nouveau départ, mais a rapidement plongé le pays dans le chaos. Les villes ont été vidées, les écoles fermées, et une purge culturelle a été lancée contre tous ceux jugés intellectuels.
Les minorités ethniques et religieuses, ainsi que les professionnels, ont été ciblés. Craig Etcheson, expert sur le sujet, souligne que ce régime a détruit la culture cambodgienne jusqu'à ses racines, laissant des cicatrices profondes sur la société.
Dans les années 1990, le monde a vu un nouvel élan pour la justice internationale. Le Canada a été approché pour participer à un processus d'extradition de Pol Pot, mais a finalement refusé. Lloyd Axworthy, ancien ministre des Affaires étrangères, regrette ce choix, affirmant que cela a freiné les efforts pour établir la Cour pénale internationale.
La création de cette cour visait à renforcer la responsabilité individuelle pour les crimes les plus graves. Axworthy espérait que cela pourrait dissuader de futures atrocités, soulignant l'importance de rendre justice aux victimes.
Après le régime des Khmers rouges, le Cambodge a été dirigé par Hun Sen, un ancien commandant khmer rouge. Bien qu'il ait permis un certain accès aux enquêteurs, il a également freiné les poursuites contre les membres restants du régime. En 2022, seulement trois hauts responsables ont été condamnés par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens.
Etcheson note que le processus judiciaire a été un expériment social pour déterminer le niveau de justice réalisable. Le résultat a été mitigé, laissant de nombreuses victimes insatisfaites.
Bokhara Bun, maintenant réfugié au Canada, rappelle l'importance de se souvenir des atrocités commises. Avec un quart de la population cambodgienne décimée, il se demande comment trouver la justice. "Nous avons tout perdu," dit-il, soulignant la nécessité de ne jamais oublier les leçons du passé.