Le Canada est sur le point de connaître une crise de construction de logements si le programme d'immigration fédéral n'est pas révisé. De nombreux acteurs de l'industrie de la construction affirment qu'il n'y a pas assez de travailleurs domestiques pour les emplois ne nécessitant pas de formation spécialisée. Le système actuel ne couvre que les travailleurs très qualifiés.
Selon Sue Wastell, présidente de Wastell Homes, le système d'immigration canadien ne fournit pas les travailleurs nécessaires pour ses projets de logement. Elle souligne que l'industrie éprouve de réelles difficultés à recruter des travailleurs adaptés. Les économistes avertissent que le manque de travailleurs qualifiés impacte tous les Canadiens.
Le besoin de main-d'œuvre dans des emplois qualifiés, tels que les menuisiers et les installateurs de fenêtres, est crucial. Ces postes sont souvent considérés comme des « emplois non qualifiés », où les compétences s'acquièrent sur le terrain. Malheureusement, le nombre de personnes entrant dans ces métiers est insuffisant.
Selon BuildForce Canada, 22 % de la main-d'œuvre en construction résidentielle va partir à la retraite dans les huit prochaines années. Cela représente environ 259 100 travailleurs. En revanche, seulement 228 100 nouveaux entrants sont prévus. La pandémie a accéléré ce phénomène, augmentant le nombre de retraites.
Ces statistiques sont préoccupantes, surtout avec les objectifs du gouvernement de rendre le logement plus abordable. La Société canadienne d'hypothèques et de logement estime qu'il faut construire 5,8 millions de logements d'ici 2030 pour retrouver un niveau d'accessibilité acceptable.
Patrick McManus, directeur exécutif de l'Ontario Sewer and Watermain Construction Association, exprime ses inquiétudes. Il avertit que si ces problèmes ne sont pas résolus, les coûts de construction vont augmenter et les projets vont subir des retards. Il souligne que 30 % des infrastructures hydrauliques sont en mauvais état.
Sans les travailleurs nécessaires pour réparer et remplacer ces infrastructures, des échecs critiques sont à prévoir. McManus insiste sur l'importance d'investir de manière durable pour éviter de graves problèmes à l'avenir.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a annoncé la création d'un conseil consultatif pour évaluer les besoins de l'industrie. Ce conseil conseillera sur de nouveaux chemins d'immigration pour attirer les travailleurs qualifiés. De plus, des programmes pilotes ont été lancés pour aider les travailleurs sans statut à obtenir la résidence permanente.
Nova Scotia a également mis en place un programme pilote pour cibler les emplois nécessaires. Ce programme a permis à de nombreux travailleurs de contourner certaines exigences éducatives, ce qui a facilité leur entrée dans le secteur.
La crise du logement au Canada pourrait s'aggraver si les problèmes de main-d'œuvre ne sont pas résolus rapidement. Les acteurs de l'industrie appellent à des changements significatifs au niveau fédéral pour s'assurer que le pays attire une diversité de talents nécessaires à la construction. Sans une action rapide, le secteur de la construction pourrait faire face à des défis insurmontables dans les années à venir.