Des dizaines de milliers de personnes se sont rendues aux urnes ce dimanche en Turquie pour soutenir Ekrem Imamoglu, le maire d'Istambul, en tant que candidat à la présidence. Ce vote a été marqué par une forte mobilisation populaire, surtout à Istambul, où des files d'attente de plus d'un kilomètre se sont formées dès le matin. Imamoglu, en poste depuis 2019, a su capter l'attention des électeurs par son charisme.
Cette élection, ouverte aux membres de son parti, le CHP, ainsi qu’au public, a été perçue comme une réponse à la répression croissante des autorités. En seulement cinq jours, Imamoglu a été arrêté, interrogé, suspendu de ses fonctions et incarcéré en attendant son procès pour des accusations de corruption, de terrorisme et la révocation de son diplôme universitaire.
La femme d'Imamoglu, Dilek, a exprimé la colère du peuple : "Ils ont arrêté la volonté du peuple, une ville de 16 millions d'habitants." Ce sentiment de contestation s'est amplifié, alors que la population s'oppose fermement à la répression. Les électeurs se sont mobilisés, non seulement pour soutenir leur maire, mais aussi pour défendre leurs droits.
Ipek Kusçu, une étudiante présente pour soutenir Imamoglu, a déclaré : "Nous avons été privés de notre droit en tant que citoyens." Les slogans scandés par les manifestants expriment un besoin urgent de changement et de justice dans un climat de crise économique et de manque d'opportunités.
Le CHP bénéficie d'un soutien fort, notamment d'Ekrem Imamoglu et de Mansur Yavas, le maire d'Ankara. Yavas a retiré sa candidature à la présidence pour soutenir Imamoglu, soulignant l'importance de l'unité face à la répression. "Près de 20 millions de personnes ont voté sans y être obligées", a-t-il déclaré, appelant à des élections anticipées.
Ce soutien transversal montre que la lutte pour la démocratie en Turquie transcende les affiliations politiques, rassemblant diverses catégories de la société, des syndicats aux étudiants, tous unis pour une cause commune.
L'incarcération d'Imamoglu a suscité des réactions critiques, même parmi des membres de l'ancien parti au pouvoir, l'AKP. L'ex-président Abdullah Gül a exprimé son inquiétude face à cette situation, affirmant que des injustices ne devraient pas être commises contre celui qui a été élu par le peuple. Cela souligne l'impact de cette affaire sur l'ensemble du paysage politique turc.
La pression sur le CHP ne se limite pas à Imamoglu. Le leader du parti, Özgür Özel, a annoncé un congrès extraordinaire pour contrer une possible intervention gouvernementale. Cette situation met en lumière les tensions croissantes entre le gouvernement et l'opposition.
Les événements récents en Turquie, marqués par la répression et la mobilisation populaire, soulignent un moment critique pour la démocratie dans le pays. Les électeurs se sont levés pour défendre leurs droits et soutenir un leader qui incarne l'espoir du changement. La lutte pour la justice et la liberté continue, et l'avenir politique de la Turquie reste incertain.