Au Canada, la campagne électorale actuelle est dominée par des enjeux liés aux ressources fossiles, tandis que la question du changement climatique semble perdre de son importance. Les deux principaux candidats mettent en avant des projets d'infrastructure énergétique, cherchant à réduire la dépendance du pays envers les États-Unis.
Les Libéraux, dirigés par Mark Carney, promettent de faire du Canada une superpuissance mondiale dans le domaine de l'énergie, tant conventionnelle que verte. De leur côté, les Conservateurs, sous Pierre Poilievre, souhaitent revitaliser le secteur pétrolier et gaziers tout en supprimant la taxe carbone industrielle.
Cette dynamique représente un changement notable par rapport à l'élection de 2021, où l'environnement était la principale préoccupation des électeurs. À cette époque, un consensus existait sur la nécessité d'une transition rapide vers une économie verte.
Mark Carney, qui a pris les rênes des Libéraux en mars, a un parcours reconnu dans la lutte contre le changement climatique. Ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre, il a également été envoyé spécial de l'ONU pour l'action climatique. Cependant, sa première décision en tant que premier ministre a été de révoquer la taxe carbone, une mesure impopulaire.
Cette taxe, introduite en 2019, visait à imposer un coût supplémentaire sur les produits à base de charbon, de pétrole ou de gaz. Pour les Conservateurs, cela est devenu un point de critique facile, surtout face à la montée du coût de la vie.
Pierre Poilievre, en tant que candidat conservateur, se concentre sur les questions de coût de la vie et prône des politiques plus strictes sur la loi et l'ordre. Il plaide pour une expansion majeure des industries pétrolières et gazières et souhaite supprimer la taxe carbone sur l'industrie.
Bien qu'il n'ait pas clairement affirmé son soutien aux objectifs de zéro émission du Canada, il soutient que remplacer le charbon "sale" par du pétrole et du gaz canadiens serait bénéfique pour le monde.
Malgré une saison des incendies de forêt sans précédent, l'intérêt des électeurs pour le changement climatique a diminué. Les préoccupations concernant la hausse des prix et les coûts de l'énergie ont pris le devant de la scène. La guerre en Ukraine a également mis en lumière les ressources naturelles abondantes du Canada.
Mark Winfield, professeur à l'Université York, souligne que cette dynamique géopolitique influence les priorités électorales, un changement par rapport aux élections précédentes.
Alors que les Canadiens se préparent à voter le 28 avril, les enjeux climatiques et énergétiques continuent de s'affronter. Les promesses des candidats devront concilier la nécessité de soutenir l'économie avec les engagements climatiques du pays. Le défi sera de trouver un équilibre entre développement économique et durabilité environnementale.