Oliver Laxe, en tenant son trophée en acrylique, ressent une montée d'émotion. Ce prix, qui renferme une petite mais immense palme d'argent, symbolise une victoire inestimable. Bien que son expression de triomphe semble modeste, le moment est chargé d'émotion.
Originaire de Galice et né à Paris en 1982, Laxe a toujours eu un lien profond avec la culture marocaine. Son film "Sirat" a remporté le prix ex aequo avec "Sound of Falling" de Mascha Schilinski, sous la présidence de Juliette Binoche, entourée d'un jury prestigieux.
Laxe a construit un parcours exceptionnel avec ses films. En quatre œuvres, il a obtenu plusieurs prix, dont le prix de la critique à la Quincena des Réalisateurs pour "Tous vous êtes capitaines" en 2010, et le prix Un Certain Regard pour "O que arde" en 2019. Chaque film explore des thèmes profonds et personnels.
Son cinéma est une exploration et un cheminement vers le déconfort. Dans "Sirat", il raconte l'histoire d'un homme à la recherche de sa fille dans un désert de raves. Cette quête est à la fois physique et métaphysique, reflétant une recherche intérieure.
Laxe définit "Sirat" comme sa pellicule la plus politique. Il explique que le cinéma, lorsqu'il est poétique, est intrinsèquement politique. Son film est un geste audacieux, une invitation à explorer les limites de la narration et de l'engagement artistique.
Il aspire à une cohérence radicale, cherchant à se connecter aux racines de son être, sans calcul. Cette approche lui permet d'aborder des thèmes contemporains tout en restant fidèle à sa vision artistique.
Laxe s'inspire de grands classiques du cinéma, tels que "Centaures du désert" de John Ford et "Le salaire de la peur" de H.G. Clouzot, pour illustrer la quête d'un protagoniste. Ces œuvres, tout en étant traitées avec une sobriété européenne, capturent l'essence des luttes humaines.
Il évoque également des films comme "Carga maldita" et "Stalker", soulignant l'importance de l'expérience humaine face à l'adversité. Son objectif est de créer un récit qui soit à la fois un voyage extérieur et intérieur.
Dans "Sirat", la fragilité des personnages est mise en avant. Laxe choisit de travailler avec des acteurs non professionnels, privilégiant la vérité émotionnelle à la performance. Leur vulnérabilité résonne avec son propre parcours artistique.
Pour Laxe, la foi est la capacité d'accepter la vie telle qu'elle est. Même dans la tragédie, il voit une opportunité de croissance. Cette perspective enrichit son récit et offre une réflexion sur la nature humaine face à l'adversité.
Oliver Laxe, à travers "Sirat", ouvre une nouvelle ère dans son parcours cinématographique. Son engagement envers des thèmes profonds et sa volonté d'explorer la condition humaine font de lui un réalisateur incontournable. Son film est une invitation à la réflexion, à la vulnérabilité et à la beauté des expériences humaines.