Dans la capitale automobile du Canada, les travailleurs se préparent au pire. Kathryn Lawton, employée depuis plus de 30 ans dans le secteur, exprime ses craintes face aux tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Elle et son mari travaillent tous deux pour Ford à Windsor, un lieu emblématique de l'industrie automobile canadienne.
Lorsque le président américain Donald Trump a suggéré que le Canada avait volé l'industrie automobile américaine, Chad Lawton a qualifié ces propos de ridicules. Selon lui, ces emplois ont toujours été canadiens et resteront canadiens. Il souligne que cette situation a été créée par des décisions américaines.
Windsor, avec une population de plus de 422 000 habitants, est profondément intégrée à l'industrie automobile nord-américaine. La ville a vu naître des usines emblématiques, dont celle de Ford en 1896 et celle de Stellantis en 1928. Malgré la fermeture de nombreuses usines, deux usines de moteurs Ford et une usine d'assemblage Stellantis continuent de fonctionner, employant des milliers de personnes.
Les tarifs de 25% sur les véhicules étrangers, qui seront réduits pour certains véhicules, ainsi que les tarifs sur l'acier et l'aluminium, créent une incertitude grandissante. Les travailleurs s'inquiètent des conséquences sur leur emploi et sur l'économie locale, qui dépend fortement de l'industrie automobile.
Les travailleurs de Windsor, comme Chad Lawton, expriment une anxiété croissante face à la situation actuelle. Ils se souviennent de la crise financière de 2008, qui avait déjà mis l'industrie à l'épreuve. John D'Agnolo, président d'Unifor Local 200, souligne que la situation actuelle "a créé le chaos" parmi les travailleurs.
Christina Grossi, après 25 ans chez Ford, trouve l'idée de perdre son emploi "terrifiante". Elle redoute également la perte de sens que son travail lui apporte. Les préoccupations concernant la sécurité de l'emploi sont omniprésentes dans la communauté.
Les tarifs américains ont un impact significatif sur l'élection fédérale canadienne, prévue pour le 28 avril. Le premier ministre sortant, Mark Carney, a proposé un fonds de 2 milliards de dollars canadiens pour soutenir l'industrie automobile. D'autres partis, comme le Parti conservateur, promettent des mesures pour alléger la pression sur les travailleurs.
Laura Dawson, directrice exécutive de Future Borders Coalition, avertit que les perturbations dans le secteur pourraient avoir des répercussions à l'échelle continentale. Les exigences complexes des tarifs américains compliquent davantage la situation pour les fabricants canadiens.
La ville de Windsor est profondément affectée par les défis auxquels fait face l'industrie automobile. Des établissements comme le Penalty Box, un bar sportif prisé par les travailleurs de Stellantis, craignent pour leur avenir. Son propriétaire, Van Niforos, évoque une situation dévastatrice et l'incertitude qui plane sur l'emploi de ses 60 employés.
Chad Lawton, quant à lui, se demande si les contre-tarifs de Carney apporteront une réelle solution. Il souhaite des négociations commerciales, mais il est conscient que le Canada ne peut pas simplement céder. La situation actuelle est inédite, même comparée à des crises passées.
La situation à Windsor est un reflet des tensions entre le Canada et les États-Unis. Les travailleurs de l'automobile sont confrontés à des défis sans précédent, avec des implications économiques majeures. Les décisions politiques et commerciales à venir seront cruciales pour l'avenir de cette région et de son industrie.